L'Afrique est bien partie - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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L’Afrique est bien partie

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Y aurait-il quand même, franchement, de bonnes nouvelles à entendre dans une actualité si souvent morose, et même dramatique ? Il faut le croire, car il est plutôt agréable d’apprendre par exemple que « l’Afrique est entrée dans son siècle des Lumières. C’est le continent du XXIe siècle, sur le plan économique, mais aussi sur celui de la création artistique contemporaine » (Le Figaro du 2 novembre). Après l’éveil de l’Asie, celui de l’Afrique ? Acceptons-en l’augure, car, au demeurant, il n’y a pas de fatalité en ce monde, qui contraigne un continent entier à rester en dehors des courants ascendants de l’histoire.

Il est vrai qu’il aura fallu attendre un certain temps pour porter foi à un décollage économique de l’Afrique. Je me reporte assez longtemps en arrière, lorsque j’étais jeune coopérant dans un village perdu dans la brousse. Une brousse où affleurait la latérite et où l’on se demandait, année après année, si la récolte suffirait à nourrir la population locale. J’avais acheté à l’époque l’ouvrage d’un agronome, qui devait plus tard bénéficier d’une réelle célébrité, puisqu’il s’appelait René Dumont, le premier écologiste à se présenter à une élection présidentielle en France. Son livre était un cri d’alarme : L’Afrique noire est mal partie. Certes, René Dumont livrait en même temps que les causes du marasme qu’il dénonçait quelques remèdes propres à améliorer la situation. Mais l’horizon demeurait plutôt sombre.

Pourtant, je ne suis pas sorti désespéré de cette année africaine. J’avais rencontré là-bas une jeunesse ardente, des enfants riches de promesses, et j’avais ressenti pour ce pays du Sahel une immense sympathie. Le courage et la ténacité pouvaient accomplir des prodiges, pourvu qu’ils soient secondés par une aide judicieuse, bien ciblée. Et puis j’étais aussi admiratif des jeunes Églises qui s’affirmaient lors des premières années d’indépendance. Si, aujourd’hui, nous assistons à un véritable essor, capable de soulever le continent, ce n’est que justice. Sans doute faudra-t-il encore que ce décollage se confirme, avec de grands projets, comme celui dont Jean-Louis Borloo s’est fait l’avocat persuasif, l’électrification généralisée de tous les pays. Mais le pessimisme est désormais banni, car en dépit de tous les drames que nous connaissons, il y a un véritable espoir. L’Afrique n’est plus mal partie.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 3 novembre 2015.