Journées capitales en prévision - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Journées capitales en prévision

Traduit par Isabelle

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Le pape François arrive à Cuba Samedi, et poursuit immédiatement son voyage par un saut à travers Washington, New York, et la rencontre mondiale sur la famille à Philadelphie. Quelques jours seulement après son retour à Rome, le Synode sur la famille commencera et durera pendant presque tout le mois d’octobre. Les analystes vont examiner à la loupe les visites à Cuba et en Amérique – avec raison puisque elles impliquent le plus proéminant communiste survivant à l’effondrement de l’Union Soviétique, et le premier protagoniste de l’arène internationale (les U.S.A.) Mais en termes d’impact réel sur le monde, il est très probable que le Synode sur la famille aura des conséquences de la portée la plus considérable.

Le pape François est déjà allé à Cuba (jamais aux Etats Unis), et a aidé à négocier la récente restauration des relations diplomatiques entre le Président Obama et cette île. On lui avait demandé d’y être présent lors du voyage de Jean Paul II en 1998, et il avait même écrit par la suite un petit livre à ce sujet, livre qui établissait ce que nous en sommes venus à considérer comme la vision sociale de base de François.

Dans son Argentine natale, les Montoneros, marxistes financés et encouragés par Castro, ont assassiné plus de 800 personnes, kidnappé plus de 1700, fait exploser des centaines de bombes en pleines villes, et lancé des assauts contre l’armée et la police. Contrairement à son concitoyen Ernesto « Che » Guevara, Jorge Bergoglio n’a jamais éprouvé aucun amour pour le marxisme.
Mais, comme le montre le livre qu’il a écrit sur Cuba, Bergoglio avait déjà développé la même antipathie envers ce que les latino-américains appellent souvent « néoolibéralisme » – un capitalisme sauvage que la plupart d’entre nous dans les pays développés, ne reconnaissons pas comme une description exacte de nos politiques et de notre économie. En effet, en Europe et en Amérique, l’état national est de plus en plus impliqué dans chacun des aspects de l’économie, du gouvernement local et même des questions culturelles et morales.

Comme l’explique Austen Ivereigh dans « Le grand réformateur », sa biographie incontournable du pape François, le futur pape était très influencé par un ami intellectuel non conformiste : Methol Ferré. Ils avaient la vision de l’Eglise latino-américaine comme le catalyseur d’un destin commun de l’amérique latine – La patria grande – dans un avenir mondial constitué d’Etats-continents. Après les échecs du modèle économique de croissance d’Amérique du Nord, et du socialisme à la Cubaine, ils étaient convaincus que la scène appartenait maintenant au « Peuple de Dieu. »

Comme pape, François a gardé cette vision de base. Il la répètera probablement à Cuba. Il est plus imprévisible de savoir comment il gèrera sa rencontre avec le régime cubain, qui est toujours un sponsor du terrorisme, bien que maintenant un acteur mineur dans la politique mondiale. Il vient de libérer 3 500 prisonniers en prévision de sa visite – d’abord les vieux et les jeunes, et aucun prisonnier politique pour autant que nous le sachions. Benoit XVI a probablement fait une grave erreur lors de sa propre visite à Cuba en 2006, en ne rencontrant pas les dissidents. Les fameuses Damas de Blanco, les dames en blanc, qui ont eu le courage de demander justice pour les prisonniers politiques craignent à nouveau d’être rejetées.

Le pape n’a pas été particulièrement bien conseillé lors de ses récents voyages – j’en veux pour exemple le cadeau « surprise » du président marxiste de Bolivie : Jésus crucifié sur une faucille et un marteau, et le plaidoyer mal informé du pape au Paraguay, pour un prisonnier politique qui s’est avéré être détenu par la guérilla et non par le gouvernement. Les frères Castro sont des propagandistes malins et des manipulateurs ; il va falloir être des chrétiens rusés pour déjouer leurs manigances.

La visite du pape en Amérique soulève déjà des espoirs et des craintes à bien des endroits. Mais ce serait une erreur de l’observer à travers les seules lunettes de nos partisans politiques. Nous entendons déjà les républicains espérer qu’il poussera son message pour la vie et pour la famille, et les démocrates espérer tout autant que prédomineront les enseignements sur la justice sociale et l’environnement. La notion qu’a le pape de l’importance d’une « écologie humaine » si elle est bien présentée, a le pouvoir de transcender les querelles partisanes.

Les évènements de Philadelphie vont offrir au pape une grande chance de clarifier son réel enseignement sur le mariage et la famille – bien différent de ce que les medias ont extrapolé à partir du tristement célèbre « qui suis-je pour juger ? ». En contrepartie, nous pouvons nous attendre à ce que dans ses adresses au Congrès et aux Nations Unies, nous entendions parler de pauvreté, inégalités, et menaces pour l’environnement – mais ces appels seront probablement tempérés par la certitude de François que le contrôle des populations, l’avortement, etc…ne sont pas la réponse à ces questions.
La béatification du frère Junipero Serra, un franciscain et l’un des grands évangélisateurs de Californie, sera un encouragement pour les hispaniques, mais aussi pour tous ceux qui pensent que ces derniers temps, les chrétiens acceptaient trop vite les critiques selon lesquelles l’évangélisation était essentiellement du colonialisme. Dans certains textes de Vatican II, le désir de voir de la valeur dans toutes les « cultures » et même dans les autres religions, a privé de beaucoup de son élan ce qui à l’époque était un beau travail missionnaire. Ce sera intéressant de voir comment le pape François négocie ce terrain miné.

Toutefois, le processus le plus exigeant commencera quand il sera de retour à Rome. Le Synode de l’année dernière a laissé les catholiques dans une certaine confusion – et même une véritable angoisse. Le but premier du Synode est d’aider la famille à une époque où elle est attaquée, non seulement par des idées radicales telles que « la théorie du genre », mais aussi par les politiques des gouvernements qui ont l’air de penser que la manière d’aider la famille est en fait de la détruire.

Ce n’est pas un sujet mineur dans l’enseignement social catholique, et même dans les considérations humaines ordinaires, car la famille est la cellule de base de toute société saine. Et pourtant le Synode avait l’air de pencher pour des choses comme la pleine communion pour les divorcés remariés, et la valorisation des « unions homosexuelles »- et peut-être même de l’homosexualité elle-même, alors que ces deux situations ne peuvent éviter d’abîmer une institution déjà chancelante.

Comment est-ce arrivé ? Pour le comprendre, il faut lire le magnifique livre d’Edward Pentin : « Le truquage du synode ?: Une investigation sur une manipulation présumée dans le synode extraordinaire sur la famille. Remarquez le point d’interrogation, et les précautions dans la formulation. Pentin est un grand professionnel du journalisme. En tant que catholique, il a hésité avant d’écrire ce compte rendu, de peur de causer un scandale inutile. Mais ses sources et son analyse sont impeccables tout du long, et il en résulte un compte rendu fiable de qui a fait quoi et à qui – et qui serait capable de recommencer.

Quand le Vatican a annoncé la simplification de la procédure d’annulation du mariage cette semaine, de nombreuses sources bien informées, y compris Pentin, ont prévu que cela soulagerait le Synode d’une certaine pression sur la question des divorcés remariés. John Allen, qui vaut toujours la peine d’être lu, a même déclaré que le Vatican avait dit aux allemands que c’est tout ce qu’ils obtiendraient au Synode. Peu de temps après, le cardinal Marx a publiquement déclaré que les réformes n’allaient pas assez loin et le cardinal Casper a recommencé sa chanson habituelle.

L’automne va être très intéressant.

Photo : Le cardinal Kaspers.

http://www.thecatholicthing.org/2015/09/14/momentous-days-ahead/