Journal d'un Peau-Rouge - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Journal d’un Peau-Rouge

Victime d'une maladie rare, un journaliste donne un témoignage tout aussi rare d'intelligence et de force.
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Notre ami Samuel Pruvot est un journaliste qui a sévi quelques années dans les colonnes de France Catholique. Aimant les reportages lointains, son œil acéré voit ce que les autres n’ont pas encore vu. Aimant les rencontres avec les grands comme les plus petits de ce monde, son esprit d’analyse fouille sans concession les ressorts psychologiques des uns et des autres. Il n’a pas son pareil pour psychanalyser son Hollande ou son Sarkozy dans leurs rapports à la religion… Samuel a de grandes ambitions professionnelles, mais c’est aussi un homme de foi qui ne met pas celle-ci sous le boisseau. Il pratique avec bonheur « l’évangélisation de rue », capable de haranguer la foule juché sur une caisse à savon…

Que pouvait-il lui arriver de pire que cette dermatomyosite, une douloureuse maladie qui détruit sa peau et ses muscles, qui le cloue de longs mois au lit, qui le force à d’interminables périodes d’isolement complet et d’inactivité, qui le réduit à la condition de « patient » dans un grand hôpital déshumanisé ?
Mais ses qualités d’observation et d’analyse sont intactes, ainsi que son humour. Convoquant ses rêves d’enfant, Samuel se décrit en Peau-Rouge, — ce qu’il est devenu physiquement — pour faire de son épreuve une aventure, un western, une épopée, ou plus exactement, pour filer une autre métaphore, une odyssée. Il réhumanise en effet la maladie en lui conférant la personnalité d’une divinité grecque et recrée toute une mythologie drolatique où chaque symptôme, chaque traitement devient un dieu aux pouvoirs mystérieux que des soignants, grands prêtres au savoir ésotérique, tentent d’amadouer. Tel un nouvel Ulysse, Samuel va devoir affronter des épreuves imprévisibles, par le courage, la force et, si possible, la ruse au cours d’un périple dont le terme échappe sans cesse.

Ainsi arrive-t-il à surmonter un problème ontologique. La dermatomyosite est en effet une maladie « auto-immune », c’est-à-dire qu’on pense qu’elle est sécrétée par le propre corps du malade, ce corps qui « m’appartient », selon la revendication féministe découlant du retour en force de l’antique dualisme du philosophe Platon… Mais ce corps, en bonne vérité chrétienne, est plutôt moi-même. Et comment se combattre soi-même sans prendre de grands risques physiques et spirituels ?

C’est là que ce petit essai, tout en restant factuel, journal d’un malade qui connaît son dossier médical par cœur, devient tout autre chose, qui touche à l’universel de notre condition humaine. C’est, bien entendu, une leçon pour les malades et plus encore les bien-portants. Ces observations, sans pathos excessif, nous aideront à relativiser nos petits malheurs et nous donneront quelques utiles recettes pour affronter le destin.

Et c’est aussi, sans avoir trop l’air non plus d’y toucher, un livre de spiritualité qui pourra nourrir nos méditations, voire nos prières. Il y a en particulier de belles pages sur « la communion des saints » ou sur l’utilité de « la prière des non-croyants » !

Enfin, et c’est ce qui frappe au premier abord dès qu’on le feuillette, il s’agit d’un plaisant exercice de style, un bijou littéraire, aussi léger qu’un recueil de poésie, mais aussi passionnant qu’un roman d’aventures.


http://www.aleteia.org/fr/sante/article/temoignage-un-peau-rouge-au-poteau-5819947380899840