Un sandwich au poulet : jusqu’où va se nicher la controverse sur le mariage homosexuel aux Etats-Unis ?!
Le président d’une chaîne de « fast-food », Chick-fil-A, entreprise familiale, n’avait pas plutôt déclaré à un journal baptiste qu’il s’en tenait à « la définition biblique de la famille » qu’une consigne de boycott a été décrétée à l’encontre de ses restaurants. Mais il y a plus : les maires de Boston et de Chicago se sont engagés à refuser des permis municipaux pour l’ouverture de tels restaurants dans leurs villes. Ils sont allés trop loin : rien dans le droit foncier ou le droit commercial ne les y autorise. Ils contreviennent de surcroît au sacro-saint premier amendement de la Constitution sur la liberté d’expression.
Cela en serait resté là si ces deux cités n’étaient pas par ailleurs les plus catholiques du pays. A Chicago, le cardinal Francis George est monté au créneau le 31 juillet. Sans citer ni la chaîne de restauration rapide ni le maire de la ville, il s’est placé sur le terrain de la Citoyenneté : M. Rahm Emanuel, ex-chef de cabinet du président Obama, qui a pris ses nouvelles fonctions de maire il y a un an, succédant à plusieurs décennies de la dynastie Daley, a en effet eu le malheur de déclarer que « les valeurs de Chick-fil-A ne sont pas les valeurs de Chicago », ce qui a mis hors de lui l’archevêque : « Je suis né et j’ai été élevé ici, lui répond celui-ci, et je n’ai pas besoin d’une administration pour me dire si mon système de valeurs est bien celui de Chicago… Va-t-on créer une commission sur les activités non-conformes aux valeurs dites de Chicago et convoquer ceux d’entre nous qui y sommes suspects ? » (allusion à la chasse aux sorcières du sénateur McCarthy dans les années 50 sur les activités non-américaines).
En l’occurrence, la valeur en question est l’approbation du « mariage en dehors du genre » (gender-free marriage). Le prélat n’a pas de mal à répéter la position de l’Eglise mais aussi du droit naturel sur la validité du mariage. Mais son argument va ici plus loin : « la volonté de l’Etat de donner une nouvelle définition au mariage, écrit-il, représente un tournant capital non pas pour le mariage, qui est ce qu’il est, mais pour notre « Union » de citoyens, de plus en plus fragilisée. »
Selon l’hebdomadaire « Time », qui, une fois n’est pas coutume, donne tort aux deux maires, les habitants de Chicago, selon un sondage, seraient partagés par moitié sur la question du mariage homosexuel : 42% pour ; 42% contre. Où sont, dans ce cas, « les valeurs de Chicago » ? « Où figurerait Jésus ? demande la cardinal George.
Pourrait-il être un citoyen de Chicago ? »
