La Manif pour tous a réuni le 16 octobre, pour la huitième fois depuis 2012, les défenseurs de la famille, de l’enfant et du mariage fondé sur l’union d’un homme et d’une femme dans un grand défilé parisien qui a réuni entre 25 000 et 200 000 participants selon que l’on se réfère aux chiffres de la police ou des organisateurs. Si les principaux candidats aux élections primaires de la droite et du centre, du moins tel que la presse les qualifie, étaient absents, un homme a rencontré un vif succès au cours de la manifestation, sans doute encore inconnu il y a quelques jours par la majorité des manifestants, et qui, dimanche, se frayait un chemin sous les vivats de la foule, Jean-Frédéric Poisson.
On peut s’interroger sur le succès ou non du défilé du 16 octobre qui a, de fait, réuni moins de monde que les fois précédentes. La crainte des attentats que suscite aujourd’hui tout grand rassemblement est sans doute une explication mais elle n’est pas la seule. Les manifestations antérieures s’inscrivaient en réaction à des initiatives gouvernementales hostiles à la famille et au fondement anthropologique de notre société alors que celle ci était davantage une manifestation de précaution, contre des intentions réelles ou supposées du gouvernement, s’agissant en particulier de la procréation médicalement assistée (PMA) ou de la gestation pour autrui (GPA). Ont ainsi beaucoup pesé dans la désaffection des absents, le manque de clarté du message délivré, l’absence d’urgence ressentie et la non désignation d’une cible unique. Effectivement, cette démonstration n’était pas tournée contre le seul gouvernement en place et voulait aussi interpeller tous les candidats à l’élection présidentielle de 2017.
A cet égard, force est de constater que les candidats n’étaient pas nombreux, ce qui tend à montrer que les questions sociétales ne seront pas au cœur de la prochaine campagne électorale. Néanmoins, on pouvait noter la présence de Nicolas Dupont-Aignan et de représentants de candidats aux élections primaires de la droite et du centre comme Bruno Retailleau pour François Fillon, qui avait également envoyé un message de sympathie aux organisateurs, et Hervé Mariton pour Alain Juppé ainsi que la participation, toujours très remarquée, de Marion Maréchal Le Pen pour le Front national. Pourtant, ce n’est pas elle qui a tenu la vedette mais Jean-Frédéric Poisson, le président du Parti chrétien-démocrate et candidat indépendant aux élections primaires de la droite et du centre.
Son succès vient de son irruption dans la cour des hommes politiques connus suite à sa participation au débat télévisé organisé le 13 octobre précédent entre les candidats aux élections primaires de la droite et du centre. Dans ce débat assez terne et plombé par les affaires judiciaires passées ou présentes impliquant plusieurs des participants, le candidat du Parti chrétien-démocrate, sans faire une prestation très au-dessus de celle des autres, a su montrer, posément, qu’il avait le niveau pour débattre de tous les sujets et qu’il avait surtout la force des convictions qui l’animent. On peut en effet retenir de la discussion, son souci du primat du politique, là où les autres restent enfermés dans une logique économique qui ne s’en remet qu’aux seules lois du marché, son patriotisme exigeant, là où les autres ne voient d’issues que dans la fuite vers toujours plus d’Europe au-moment même où celle-ci montre les limites de ses possibilités et son attachement à l’identité chrétienne de la France, là où les autres succombent aux sirènes du « vivre ensemble » de la société multiculturelle. Bruno Le Maire a eu beau dire qu’il était l’unique candidat du renouveau, les téléspectateurs ne s’y sont pas trompés en reconnaissant que le seul débatteur à apporter quelque chose de réellement neuf et de fondamentalement différent était Jean-Frédéric Poisson. Ainsi a-t-il obtenu, selon un sondage Kantar Sofres, 37 % d’opinions favorables, faisant un bond de 29 %, tandis que sur Google Trends, la question « Qui est Jean-Frédéric Poisson ? » bondissait de 10 500 %. Certes, on connaît la volatilité de l’opinion, surtout à travers ce type d’instrument de mesure, mais il est indéniable que sa notoriété est désormais établie.
Les questions sociétales n’ayant pas été abordées lors de ce débat, celles-ci n’ont pu encore influer la position du grand public. Mais pour les participants de la Manif pour tous, nul doute qu’il est désormais leur champion puisqu’il est le seul à s’engager explicitement pour l’abrogation de la loi Taubira autorisant le mariage entre personnes du même sexe.
Pas étonnant, dès lors, que l’un des slogans les plus entendus au cours du défilé ait été « Poisson Président ».
Pourvu qu’il soit effectivement entendu !
Fabrice de CHANCEUIL 17 /10/2016
