Jacques Chancel - France Catholique
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Saint Benoît, un patron pour l'Europe
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Jacques Chancel

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Il y a des jours où la France paraît se rassembler, en oubliant, un instant, ses querelles et ses divisions. Elle se rassemble aujourd’hui autour d’un souvenir, d’un visage, d’une voix. Celle de Jacques Chancel, cet étonnant journaliste qui avait le don de séduire ses auditoires, par sa gentillesse, son élégance, son universelle curiosité. Pourquoi ne l’avouerais-je pas ? J’ai fait partie des nombreux invités de son émission fameuse, Radioscopie sur France Inter, qui de 17 à 18 h réunissait tant d’auditeurs fidèles au rendez-vous. J’avais 29 ans à l’époque et j’étais encore jeune journaliste. Je garde le meilleur souvenir de cet entretien où j’avais été précédé du directeur d’un grand cabaret parisien, le Crazy Horse Saloon. C’était significatif du grand éclectisme de Radioscopie où défilaient toutes sortes de gens des milieux les plus divers.

Jacques Chancel était dépourvu de tout sectarisme et il donnait à chaque interlocuteur l’impression qu’il était en totale empathie avec lui. Qu’il s’agisse d’une vedette de variétés, d’un homme politique, d’un philosophe, d’un représentant de la société civile… Il n’y avait aucune limite à son hospitalité, et il lui arrivait bien souvent de recueillir des confidences que l’on fait rarement. Moi-même, j’ai dû lui dire des choses que je n’étais pas préparé à confier. Georges Marchais, l’emblématique Secrétaire général du Parti communiste, pouvait avouer une enfance religieuse. Sur ce terrain-là, Jacques Chancel était d’ailleurs réputé pour titiller ce que j’appellerais la corde métaphysique. « Et Dieu, dans tout cela ? » lui faisait-on dire selon une formule peut-être apocryphe.

Et lui, où en était-il religieusement parlant ? Difficile à dire. Un reportage du Jour du Seigneur le montrait dans son village si cher de ses Pyrénées natales en prière dans la superbe abbatiale Saint-Savin. Mais il ne se reconnaissait, précisait-il, dans aucun dogme. Ce n’était pas le cas de son grand ami Marcel Jullian, avec qui il avait fondé la deuxième chaîne de télévision, et qui avait pris un jour la décision irrévocable de la foi. Mais le dogme, cher Jacques Chancel, ce n’était pas une certitude imposée, c’était une fenêtre ouverte sur l’infini.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 décembre 2014.