Il y a quarante ans, la loi Veil - France Catholique

Il y a quarante ans, la loi Veil

Il y a quarante ans, la loi Veil

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J’ai un peu hésité à traiter du sujet du jour, car l’espace d’un éditorial ne convient pas nécessairement pour s’expliquer comme il conviendrait. Tout de même, esquissons quelques réflexions à propos du quarantième anniversaire de la loi Veil à propos de l’avortement.

D’abord, relevons ce qui est plus qu’une inexactitude, une erreur caractérisée. Il n’est pas vrai, comme le titre Le Monde, que « le droit à l’avortement a quarante ans ». Dans la loi de 1974, il n’est nullement question d’un tel droit. Bien au contraire, dans son préambule, elle rappelle le principe de la défense de la vie. Et si l’acte abortif se trouve dépénalisé, il l’est au titre d’une exception compassionnelle eu égard à une situation de détresse. En supprimant cette référence à la situation de détresse, Mme Vallaud-Belkacem a profondément modifié l’esprit de la loi. Mais c’était tout à fait conforme à l’idéologie selon laquelle la femme étant maîtresse de son corps, elle est souverainement libre de disposer de la vie qui est en elle.

Pardon, mais en m’exprimant ainsi je vais très au-delà de l’expression courante de cette idéologie. Car il ne saurait y être fait mention d’une quelconque vie en gestation, encore moins d’un être en formation. L’expression « mon corps m’appartient » est négatrice de l’altérité qui s’est constituée dans l’intimité de la future maman. Tout au plus, parlera-t-on d’un amas de cellules, ce qui s’apparente au négligeable et peut-être à ce que le pape appelle « la culture du déchet ». Par ailleurs, il n’est fait nulle mention du moment où, éventuellement, on passerait du stade de l’innommable au stade du bébé à naître. Nous sommes dans l’irrationalité pure. Doit-on comprendre que le bébé, à la veille de sa naissance, étant toujours indistinct du corps de sa mère, demeure, contre toute vraisemblance, un simple amas de cellules ?

Autre problème parmi tant d’autres. On prétend qu’en 1974, il y avait 300 000 avortements clandestins. À l’époque, on citait des chiffres encore plus importants, souvent 500 000. Des spécialistes contestaient ces évaluations, en avançant un chiffre plus modeste, de l’ordre de 70 000. C’est dire à quel point on était aussi sous l’emprise des émotions au gré des arguments militants. Quarante ans après, l’idéologie règne toujours en maître, sans pouvoir vraiment cacher la réalité tragique qu’elle voudrait effacer.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 27 novembre 2014.