Hyper-judiciarisation - France Catholique
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Hyper-judiciarisation

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N’importe qui est à même, aujourd’hui, de constater l’omniprésence de la justice dans notre vie sociale, notre vie quotidienne, notre vie politique. Inutile de dresser le catalogue des interventions des juges mentionnées dans les médias. Ce serait fastidieux. Cette hyper-judiciarisation doit-elle être considérée comme un progrès, dans la mesure où elle permettrait à chaque citoyen de faire valoir ses droits ou de faire admettre l’injustice dont il est la victime ? Dans cette hypothèse, il faudrait considérer que la marche à l’égalité passe forcément par un déploiement de plus en plus grand de l’instrument judiciaire. Mais il y a le revers de la médaille. C’est Montesquieu, théoricien pourtant de la nécessaire séparation des pouvoirs, qui affirmait que la justice était le plus violent de ces pouvoirs. Regardez n’importe quelle série à la télévision et vous constaterez, outre la présence massive du tribunal, l’extrême dureté des débats et les rapports de force sans cesse en action, là où l’on croirait benoîtement que devraient prévaloir la sérénité et l’équité.

Cette omniprésence s’explique aussi par la désorganisation de la vie sociale à la base. Dès lors que la cellule familiale éclate et que les parents se disputent, c’est au juge qu’on demande de régler les affaires domestiques. Cela va très loin, dès lors que l’intrusion s’opère jusque dans l’intimité des familles. Et à ce niveau, l’administration se trouve déléguée par la justice pour suppléer aux carences des époux et des parents. Il ne faut donc pas s’étonner que des drames naissent des règlements que les uns ou les autres trouvent insupportables. On voit des pères frustrés de la présence de leurs enfants monter en haut des grues pour faire retentir leur plainte. Il y a de sérieux risques pour que le phénomène continue de s’amplifier. Si l’on ajoute à cela ce qui se passe dans le domaine politique, où le sort des responsables est lié étroitement aux casseroles judiciaires qu’ils traînent, on se dit qu’il y a bel et bien quelque chose qui ne marche pas très bien et que ce pourrait être un sujet de plus en plus explosif.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 11 mars 2014.