Frénésie à Florence - France Catholique
Edit Template
Van Eyxk, l'art de la dévotion
Edit Template

Frénésie à Florence

Traduit par Isabelle

Copier le lien

Jack Chick est mort la semaine dernière. C’était un caricaturiste anticatholique, qui n’a jamais fait, de toute sa vie, autant d’effet que le Da Vinci Code du romancier Dan Brown en seulement une heure. Mais l’anticatholicisme est l’anticatholicisme, que ce soit une frange ou un courant principal.

Jack Chick n’était ni confus, ni embarrassé quand on l’accusait d’être anticatholique : c’était la mission de sa vie de mettre en avant toutes les conspirations saugrenues jamais inventées contre Rome, le pape, et le reste.
Mais je me demande si monsieur Brown n’a pas d’abord été choqué quand les gens ont commencé à le traiter de fanatique. En effet, je ne suis même pas sûr que Brown soit le moins du monde anticatholique ; c’est juste qu’il avait vu dans l’Eglise une source d’intrigues si diablement profitable. Et, regardons les choses en face : il est vrai que le Vatican a des archives secrètes ! Il est évident que l’insouciance superficielle de Brown garantit qu’il ne reconnaît pas que dans Archivum Secretum Apostolicum Vaticanum, le mot qui compte signifie privé et non secret. Et ceci à condition que, quand il a composé le Da Vinci Code, il ait même été conscient de la distinction. Maintenant, il doit le savoir, mais il est probable que la probité ne fera gagner à personne 175 millions de dollars.

En tous cas, l’Eglise et le catholicisme ne jouent que des seconds rôles dans la version cinématographique du roman policier de Brown :Inferno, excepté que l’auteur de l’œuvre dont est tiré ce titre, Dante Alighieri, était un catholique, et un sacré catholique pour tout dire. Brown en sait encore moins sur Dante que sur l’anthropologie et la symbolique que son héros, Robert Langdon, professeur non titulaire à Harvard, déverse avec toute l’autorité d’un théoricien de la conspiration. (C’est une clé du succès de Brown, bien sûr, puisqu’au travers de  la «  plaine fruitée »- 1, près de 90 millions de personnes croient à l’existence d’un obscur Nouvel ordre du monde.)

Notre histoire : Le milliardaire Bertrand Zobrist, un généticien, croit qu’il faut des mesures assez extrêmes pour réduire de façon drastique la population explosive du monde. (A propos, aucun rapport avec Ben Sobrist, qui joue deuxième base pour les Cubs. Vraiment aucun rapport… ou bien, y en a-t-il un ?) En tous cas, notre bandit a fait éclore un virus, appelé Inferno, qui fera que la mort noire aura l’air d’une épidémie de mononucléose dans un collège.

A un moment du film, quelqu’un qui est au courant déclare que la moitié de la population de la terre mourra. L’inflation étant ce qu’elle est, au point culminant du film, le nombre est devenu 95 pour cent. De toute façon, cela fait beaucoup de cadavres !

Langdon, bien sûr, cherche des solutions, principalement dans une peinture, le gouffre de l’enfer, de Sandro Boticelli, sur laquelle Zobrist a fait des gribouillages, qui sont censés conduire ses associés à la cache où se trouve le virus Inferno. Pourquoi ? C’est une bonne question. Le film suggère que ce sont ses « suiveurs », terroristes suicidaires, qui peuvent déclencher le virus que Zobrist a mis au secret quelque part sur cette terre infortunée. Ce n’est pas exactement le « MacGuffin » d’Hitchcock – La chose dans un policier qui déclenche la chasse – mais cela pousse les héros et les bandits du film à courir dans toute l’Italie et ailleurs aussi. Un bandit plus raisonnable aurait tout simplement placé une bombe avec le virus quand il l’a caché. Aussi, d’une certaine manière, le MacGuffin est ici en vérité l’aveuglement d’un « visionnaire ».

On fait beaucoup de bruit à propos de Dante, dont l’œuvre est citée plusieurs fois, mais le vrai texte originel du film n’est pas le premier Cantique de la Divine Comédie, mais un Essai sur le principe de population (1798) de Thomas Malthus, ou – puisque c’est dans une bibliographie plus récente – la version « guide d’études » de Malthus : La bombe de la population de Paul Erlich (1968). Nous surpeuplons la planète ! Il faut agir tout de suite ! Ou, comme le dit Zobrist dans ce qui semble être une conférence « Ted » – un des exercices fréquents dans la présentation qui infecte Inferno comme, disons, la peste – « l’humanité est le cancer de son propre corps » et «  l’humanité est la maladie ; Inferno est le remède. »

Eh bien, ceci peut paraître illogique : soigner la maladie en tuant le malade, mais en vérité un tel sentiment court dans le monde. Il existe un groupe nommé Le mouvement pour l’extinction humaine volontaire (VHEMT), dont les membres très véhéments ont une devise : Puissions nous vivre longtemps et nous éteindre. Ce n’est pas assez bien pour Zobrist cependant, et l’on pourrait dire qu’il s’approche dangereusement d’un fort raccourcissement du délai d’extinction de l’humanité.

La roue tourne. La chasse est commencée. Et on sait exactement ce qui va arriver. Mais il y a une bonne nouvelle dans tout ceci qui est prévisible : un magnifique documentaire photographique par le cinéaste Salvatore Totino.

’est évidemment pour cela que Dieu a inventé les drones – pour nous donner des panoramas aériens magnifiques sur Florence, Venise, Istanbul. A mon avis, cela vaut le prix du billet, surtout en IMAX, quoique le prix du billet soit de 20 75 dollars. (J’ai payé 9, 50 dollars pour une séance du vendredi matin projetée dans un théâtre presque vide à Plain-ol’-Whatevermax.)

Les vedettes sont internationales, dont l’actrice anglaise Félicity Jones (La théorie de tout), l’acteur français Omar Sy (Les intouchables), l’acteur indien Irrfan Khan (La vie de Pi), qui donne la meilleure performance dans le film, l’actrice danoise Sidse Knudsen (Westworld), l’actrice roumaine Ana Ularu (La cité d’émeraude), et les américains Ben Foster (Le projet Laramie) dans le rôle de Zobrist, et Tom Hanks (Bosom Buddies) dans le rôle de Langdon. Le film est mis en scène par Ron Howard (Le spectacle d’Andy Griffith), lui aussi originaire des Etats-Unis d’Amérique.

Inferno
est classé PG-13 à cause de « séquences d’action et de violence, d’images troublantes, du langage, d’éléments thématiques et d’une brève scène de sensualité. » La violence mérite d’être signalée, mais elle est douce par rapport aux critères actuels des films, et les images troublantes sont troublantes parce qu’elles sont violentes. La sensualité d’acteurs tout habillés, qui est brève, n’est pas particulièrement sensuelle.

Les deux heures et demie que j’y ai passées n’ont pas été les plus longues de ma vie, même quand Monsieur Brown et David Kopp, le co-scénariste interrompent le film en criant pour en faire la présentation. Je suis sûr qu’elles sont fausses les rumeurs qui prétendent que c’était nécessaire du fait que Monsieur Howard souffrait de narcolepsie.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/10/31/the-frenzy-in-firenze/

Illustration : Le Gouffre de l’ Enfer par Sandro Botticelli, c. 1485 [Bibliothèque du Vatican]

  1. Allusion à un poème parlant de l’Amérique comme d’une plaine fruitée. « The fruited plain ».N.d.T.