François face à Castro - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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François face à Castro

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La photo est partout, elle donne même lieu à caricature. C’est vrai que le moment est singulier, historique même. Le pape sud-américain serre la main du Líder Máximo. Ce n’est pas la première rencontre papale de Fidel Castro. Jean-Paul II et Benoît XVI étaient déjà venus à La Havane. Mais avec l’argentin Bergoglio, l’affaire prend une autre tournure. Elle nous renvoie à l’histoire récente de l’Amérique latine, notamment à cette période d’extrême tension où le modèle cubain servait de référence aux soulèvement révolutionnaires et où, en réponse, les dictatures militaires s’installaient jusque dans les plus grands pays. Le pape François fait figure de révolutionnaire à certains égards, mais à cette période il ne s’identifia pas à l’aile la plus extrême du catholicisme sud-américain. Imaginer entre lui et l’idéologie castriste une quelconque connivence, c’est proprement délirer.

Pourquoi a-t-il donc accepté cette rencontre avec le vieil homme de La Havane, auquel on est en droit de reprocher son mode de gouvernement totalitaire, souvent meurtrier ? Je n’ai pas oublié le témoignage de ceux qu’on appelait les dissidents et qui avaient connu la dureté des geôles castristes. Je pense notamment à Jorge Valls, grand poète cubain, qui avait combattu le dictateur Batista, mais s’était trouvé très vite dans l’opposition à Castro. Il l’avait payé de plus de vingt ans de prison, suivis d’un long exil à Miami en Floride. Que peut-il bien penser de cette rencontre ? Je n’ai plus de nouvelles de lui, mais je présume qu’il pèserait de toutes ses forces en faveur d’une évolution pacifique de son pays.

La dernière fois que je l’ai rencontré, c’était peu de temps avant la visite de Jean-Paul II dans l’île. Il m’avait expliqué que l’Église catholique était la force sociale et spirituelle la plus capable d’éviter un règlement de comptes qui tourne au bain de sang. De ce point de vue, la politique du Saint-Siège et l’attitude de l’archevêque de La Havane, le cardinal Ortega, se conjuguent toujours en faveur d’une évolution pacifique. Celle que François a encore préconisé dimanche, Place de la Révolution à La Havane, en prônant la culture du dialogue qui surmonte les affrontements stériles et en prenant soin notamment des plus fragiles. Ceux qui souffrent le plus de la violence des hommes.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 22 septembre 2015.