François Hollande au Vatican - France Catholique

François Hollande au Vatican

François Hollande au Vatican

Copier le lien

Il y a un geste qui, en marge d’autres événements de l’été (le massacre du 14 juillet à Nice, les JMJ à Cracovie), méritait d’être examiné le 29 août, jour du retour à l’antenne : trois semaines après l’assassinat du père Jacques Hamel, la visite privée rendue par le président Hollande au pape François. Nous avions assez de recul pour l’interpréter et, grâce au témoignage de Mgr François Bousquet, recteur de Saint-Louis des Français à Rome, l’occasion d’apprendre dans quelle disposition se trouvait le président de la République avant d’être reçu au Saint-Siège.

De cette rencontre le 17 août au Vatican, la seconde après celle de janvier 2014, qu’attendait François Hollande ? Pour répondre à la question, je m’étais entouré de Christian Makarian, directeur délégué de la rédaction de L’Express, d’Yves-Marie Cann, directeur des études politiques du cabinet Elabe, et de Hadrien Dusuin, auteur d’une analyse de notre politique extérieure, chroniqueur pour Causeur, Conflits et FigaroVox.

Pour Christian Makarian, soutenir qu’un pur calcul politicien aurait dicté la démarche du chef de l’État, certes le moins « mystique » de tous les présidents de la Ve République, serait lui faire un mauvais procès. Il préfère y déceler l’écho de la surprise que lui auraient causé l’échange téléphonique avec le pape François quelques heures après l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, et la dignité des évêques de France. Et, pourquoi pas, l’expression d’une sourde reconnaissance à l’égard des catholiques. Même ceux qu’ont indisposés ses « réformes sociétales » auront été sensibles au propos présidentiel du 27 juillet : « Attaquer une église, tuer un prêtre, c’est profaner la République, qui garantit la liberté de conscience. »

Le président Hollande n’est pas devenu catholique mais baptisé il a été, et cela dans la cathédrale de Rouen, et baptisé il demeure. S’il n’a pas été touché par la grâce, ses propos et ses gestes dénotent un changement d’attitude à l’égard de l’Église. Des impasses auxquelles conduit le discours « laïciste », qu’il s’agisse des codes vestimentaires licites ou du tri à opérer entre bons et mauvais imams, le chef de l’État semble conscient, en témoigtne ce propos entendu par des représentants de la presse religieuse : « La République laïque ne signifie pas la République païenne. »

Ironie de l’histoire, le rapprochement opéré par le président Hollande paraît coïncider, à l’opposé, avec la défiance que, auprès de nombreux fidèles, s’est attiré le Pape depuis l’été. À bord du vol Cracovie-Rome, il a parlé de la violence. Tels que ses propos ont été rapportés, le Pape aurait mis sur le même pied violence islamique et violence catholique… En vérité, car les médias ont tronqué son propos, il n’évoquait pas la violence au nom d’Allah ou de Dieu, mais la violence routinière, celle des faits divers en terre réputée de culture chrétienne : « Celui-là qui tue sa fiancée, tel autre qui tue sa belle-mère, et un autre… et ce sont des catholiques baptisés. »

D’après Christian Makarian, le déséquilibre croissant entre l’islam et le christianisme aurait convaincu le Pape d’adopter la stratégie de la main tendue. Sa réception du grand imam de al-Azhar va dans ce sens. De même, ce vœu recueilli par La Croix : « Chacun doit avoir la liberté d’extérioriser sa propre foi. Si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire. De même, si un catholique veut porter une croix. On doit pouvoir professer sa foi non pas à côté mais au sein de la culture. » En excipant du même droit pour plaider la cause du musulman et du catholique, le Pape noue une alliance. Et suggère une réciprocité.

— –

« Décryptage », Radio Notre-Dame, 100.7,

du lundi au jeudi, 18h17-19h10.