Fille de la Charité - France Catholique

Fille de la Charité

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Elle était « Fille de la Charité ». J’avoue que cette seule dénomination m’a toujours ému. Au plus profond de moi-même. Elle correspondait tellement à l’humilité native et à la spontanéité de ma cousine, sœur Marie-Joseph, qui s’était vouée, très jeune, sans retour, au Seigneur et aux pauvres. Les périphéries, chères à notre pape François, elle y avait toujours campé, dans un environnement urbain d’une densité populaire exceptionnelle. Et elle n’avait pas attendu les grandes controverses actuelles pour savoir ce qu’est l’immigration et la présence musulmane dans une région industrielle en pleine déshérence. Mais sa vocation la destinait à poursuivre l’œuvre commencée par M. Vincent et Louise de Marillac au XVIIe siècle. Infirmière, elle avait la possibilité d’exercer sa mission au plus près des familles de toutes conditions et les plus éloignés de la foi chrétienne.

En lisant la belle biographie que Marie-Joëlle Guillaume vient de consacrer à saint Vincent de Paul (Perrin) je n’ai pas besoin de transposer d’un siècle à l’autre. C’est exactement le même esprit qui a présidé au « coup de génie des charités » que j’ai toujours retrouvé chez ma cousine religieuse. Avec le même tact et la même tendresse. J’ajouterai la même discrétion. Il est vrai que je l’ai connue dans ses jeunes années, coiffée de la célèbre cornette qui rendait si visibles dans nos rues les Filles de M. Vincent et de Louise de Marillac. La simplification du vêtement intervenue après le Concile a supprimé la cornette si expressive, mais nos religieuses n’ont jamais déserté leurs quartiers et leurs humbles habitants, dont elles connaissaient intimement les difficultés matérielles et les situations familiales.

L’éloignement ne m’a pas permis d’entretenir avec ma cousine des relations suivies. Nous nous voyions lors des événements familiaux, les deuils qu’elle ne manquait jamais d’accompagner. C’était l’occasion d’apprécier ce qu’elle était pour nous, et dont elle n’aurait jamais accepté qu’on donne le témoignage public. Le plus beau fleuron de notre famille ! Une famille profondément chrétienne et qui avait trouvé dans la vocation de sa Fille de Charité l’expression la plus pure de l’héritage transmis et vécu, avec tant de conviction et de pratiques effectives. Maintenant qu’elle a rejoint le Ciel, dont son sourire reflétait sans cesse la couleur, les siens peuvent partager avec tous ceux qui la côtoyèrent le sentiment de gratitude qu’on éprouve pour celle, qui, telle une Rosalie Rendu, a fait passer le souffle et le parfum de la charité. Charité, le plus beau mot du monde…