Est-ce finalement de l'amour ? - France Catholique
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Est-ce finalement de l’amour ?

Traduit par Bernadette Cosyn

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Quand on évoque le sexe et la loi en classe, le réflexe de mes étudiants à Amherst a toujours été de dire que ces matières d’amour et d’attraction sexuelle étaient insondables et subjectives : la raison n’a pas grand chose à y voir et elle ne fournit pas de bases pour fonder un jugement moral sur l’amour qui s’exprime sexuellement.

Je voudrais présenter à mes étudiants ce problème : un homme nous dit qu’il a été attiré par sa femme à cause « de ses ravissants cheveux blonds et de son teint de lis – elle allait parfaitement avec les tentures de mon appartement ». Mais cet aspect extéreur s’est altéré avec le temps, et maintenant, dit-il, « je refais tout l’appartement en style Art Déco, et elle n’est plus dans le ton ».

Même avec la sensibilité actuelle des jeunes, ce compte-rendu déchaînera toujours les rires. J’ai souvent remarqué la connexion entre la comédie et la philosophie, les comédiens tirant leur gagne pain du jeu de la logique et des nuances de la langue. Le rire est le signe que le point a été saisi.

Mais ce qui a été dit nécessite quand même d’être expliqué. C’était une réaction naturelle à quelque chose de déconcertant et comiquement hors de propos : mettre le mariage sur le même plan que le choix des rideaux, c’est réduire la relation maritale à quelque chose de trivial. Et l’amour que validerait ce mariage serait amoindri dans les mêmes proportions. Ce serait un amour et un mariage qui se déclareraient aussi peu durable que la « sensation » qui rend plaisants sur le moment la blondeur et la carnation parfaite. Il n’y a aucune indication ici que « l’âge ne peut la flétrir ni l’habitude user son infinie variété. »

Mais parler d’un amour qui supporterait même une dégradation de l’aspect physique, c’est parler d’un bien non matériel, un bien de l’âme. Cela implique qu’il y a quelque chose d’admirable dans une épouse de façon durable, d’une façon qui conduit à bon droit à éprouver respect et attachement. Cela veut dire qu’il y a une composante morale indélébile à l’amour ainsi considéré – l’amour dans sa signification la plus sérieuse, l’amour qui trouve une expression cohérente dans l’engagement du mariage.

Ce qui met tout cela sur le devant de la scène, c’est que nous approchons l’anniversaire de ce moment (NDT : c’était en juin, retard de traduction, hélas) où la Cour Suprême, dans l’affaire US contre Windsor, a franchi une autre étape critiquable dans l’effilochage de l’institution du mariage. Nous avons tous entendu dire à ce moment là que « les gens devraient être autorisés à épouser qui ils aiment ».

Même sans examiner trop à fond la signification du mot « amour », ce slogan s’est immédiatement révélé comme creux à quiconque a voulu le soumettre à un questionnement basique.

Les choses étant ce qu’elles sont, on ne peut nier l’amour profond existant entre parents et enfants, grands-parents et petits-enfants, et pourtant il ne pourrait prétendre à ce titre car ne s’exprimant pas en attouchement sexuels et n’étant pas ratifié par un mariage. Il y a assi le problème des « polyamoureux » et des polygames. Leur amour ne se réduit pas à un seul couple, mais s’inscrit dans un groupe de trois, quatre ou plus. Pourquoi ces gens ne seraient-ils pas autoirisés à « épouser qui ils aiment » ?

Et encore, en dehors de ça, il m’a frappé que nous ne parlons même pas le même langage, quand les avocats du mariage homo ont présenté du fond du coeur leur plaidoyer pour le respect de « l’amour ». Gareth Kirby, éditorialiste au journal gay et lesbien Xtra West écrivait ceci en septembre 2001 :

Nous savons qu’une relation de 30 ans n’est pas meilleure qu’une aventure de 9 semaines ou de 9 minutes – c’est différent mais pas meilleur… Nous savons qu’un rapport intime rapide réalisé en 20 minutes… au Parc Stanley peut être une chose profondément belle.

Concernant le mariage homosexuel, j’ai des amis réfléchis de l’autre bord et je suis certains que Jonathan Rauch et d’autres n’accepteraient pas cette définition de l’amour qu’ils veulent chercher à respecter dans l’union homosexuelle.

Ces lignes de Gareth Kirby sont citées par Robert Reilly dans son récent livre Making Gay Okay. Le titre sens dessus dessous est démenti par le fait que c’est une investigation sérieuse, faisant appel à Aristote, Thomas d’Aquin, Rousseau ainsi qu’à des études empiriques. Ces études ont confirmé au cours des années le nombre ahurissant de partenaires sexuels d’un homme homosexuel.

Dans une étude étendue réalisée en 2009, « 35% des hommes déclarent avoir eu moins de 100 partenaires, 42% entre 100 et 499 partenaires et 23% en déclarent 500 ou plus ».

Même les activistes gay les plus engagés devraient s’abstenir d’habiller du manteau de l’amour des rencontres sexuelles d’une vingtaine de minutes avec des centaines d’hommes, dont des inconnus. Car qu’arrivera-t-il ? Même les militants de l’homosexualité jugeront défavorablement un modèle d’activité qui a été hautement caractéristique des hommes homosexuels depuis des années.

Dans ce cas, comment pourrait il être inadmissible pour qui que ce soit extérieur à ce milieu d’émettre le même genre de questions critiques sur la signification du comportement homosexuel ? Et comment la loi pourrait-elle à bon droit punir ceux qui partageraient l’opinion que porterait des activistes gays sur la manière de certains de « vivre leurs orientations sexuelles » ?

Hadley Arkes est professeur de jurisprudence à Amherst College.

Illustration : Le véritable amour : Cupidon et Psyché, par Orazio Gentileschi, vers 1630

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/is-it-at-long-last-love.html