Entre le Panthéon et l'Église - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Entre le Panthéon et l’Église

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J’oublie un instant mes préventions à l’égard du Panthéon, compensées par mon attachement à la magnifique église Saint-Étienne-du-Mont, sa voisine… Je n’ai pas encore commenté ici la décision de François Hollande d’y faire entrer trois figures de la Résistance, Germaine Tillon, Geneviève Anthonioz-de Gaulle, Pierre Brossolette et un homme politique, Jean Zay.

On me permettra de saluer en priorité les femmes, pour lesquelles j’ai toujours éprouvé respect et admiration. L’une et l’autre avaient survécu à la guerre et à la déportation où elles s’étaient d’ailleurs rencontrées, étant détenues dans le même camp de Ravensbrück. On ne sait sur quelle vertu, la droiture, la générosité, le service des autres, il faut le plus insister pour leur rendre hommage. J’irai jusqu’à dire que leurs deux témoignages nous conduisent à ces sommets où l’héroïsme est synonyme de sainteté.

Ce qui me pose d’ailleurs un problème très particulier. Imaginons que l’une ou l’autre soit un jour béatifiée. Ce qui n’est nullement improbable. Comment la République et l’Église pourraient-elles négocier et s’entendre ? Est-il imaginable qu’une sainte reste inhumée dans notre très laïque Panthéon, alors qu’elle aurait droit à l’honneur des autels ? Ce n’est sûrement pas par la casuistique que l’on pourrait résoudre un pareil cas d’espèce. Il aurait beaucoup réjoui Philippe Muray, pour qui la désaffection de l’ancienne église Sainte-Geneviève construite par Soufflot était emblématique d’un divorce métaphysique, dont Baudelaire était d’ailleurs le plus terrible procureur.

Mais laissons ! Je garde de Geneviève Anthonioz-de Gaulle quelques beaux souvenirs. Je la vois encore raconter à l’espace qui porte son nom, avec beaucoup d’humour, une soirée d’après-guerre avec Georges Bernanos. Je la vois remettre la légion d’honneur à mon ami le père Bernard Bro, avant d’inviter l’auditoire à chanter le Salve Regina. J’ai gardé d’elle une lettre où elle me dit son regret d’une rencontre manquée entre son oncle le général et Jean-Paul II. Mais elle n’avait pas manqué, pour sa part, de recevoir le même Jean-Paul II sur l’esplanade du Trocadéro à l’occasion des JMJ de Paris. Réussira-t-elle ce miracle de me réconcilier avec le Panthéon ?

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 27 février 2014.