En ce monde - France Catholique

En ce monde

Traduit par Pierre

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La formule biblique « ce monde » fait référence à l’expression employée par le Christ rappelant que Son Royaume « n’est pas de ce monde.» (Jn 18:36). Logiquement, s’il existe un « ce monde », ce qui semble évident, nous devons être conscients qu’il est un autre Royaume qui « n’est pas » de ce monde. L’expression « ce monde » signifie-t-elle « ce cosmos » ? « cette planète » ? Selon l’Écriture, « monde » peut signifier la création, ou ce qui est face à Dieu, ou cette terre.

Des chercheurs tentent d’allonger la durée de vie de l’homme sur cette planète. L’espérance de vie s’est en général avancée au cours des siècles. Mais pour la plupart, à moins de cent ans. En grande majorité les humains ont vécu sur cette planète bien moins que cent ans. Pourquoi en est-ce ainsi ? Y a-t-il « une raison » ?

Un tel nombre d’années peut bien suffire à chacun pour réaliser (ou non) ce pourquoi il a été « créé ». Une simple explication donnée aux efforts pour transférer des membres de la race humaine vers une autre planète se trouve dans le « devoir » pour l’homme de se maintenir en vie même au cas où cette planète ne serait plus en état de faire vivre les humains. Envers qui, ce « devoir » ? Ce n’est pas bien clair.

L’Écriture suggère généralement que ce souci n’est pas vraiment justifié. Il nous faut admettre que parmi les milliards d’humains morts à tout âge certains ont atteint le but de leur existence, et d’autres, non. Et nous n’avons aucun moyen de sauver ceux qui ont échoué.

Le temps qui nous est alloué en ce monde n’a pas pour objet de remplir précisément l’univers avec « ce que nous sommes ». Le temps alloué à notre espèce l’a été avec générosité, mais il a pour but de nous donner, membres de ces nombreux milliards d’individus, l’occasion de décider de notre destin. Une fois engagés par nos décisions et nos actes, il n’y a guère de sens à s’attacher aux bricoles sans importances. Les théories de la réincarnation qui nous proposent une seconde ou une troisième chance ne font que repousser le problème sans le résoudre. Et si nous prétendons qu’aucun but d’aucune sorte ne peut se trouver dans nos propres existences, alors il est bien difficile d’y voir une quelconque différence. Une fois parti, c’est la fin. Le récit est terminé.
Pourtant, « ce monde » est également présenté dans l’Écriture comme un domaine à éviter. Il peut sembler étrange de nous prévenir contre notre propre environnement physique. Mais peut-être pouvons-nous considérer deux « mondes ». Le premier, notre planète, sa constitution, son contenu et son évolution. Les évènements surviennent, comme les éruptions des volcans, évoluent, bouleversent tout, que celà nous plaise ou non.

Mais d’autre part il y a le monde tel que nous le comprenons, qui est en nos esprits, dont l’image que nous en formons soit ou non assez nette pour le dépeindre. En fait, le monde semble exister précisément tel que nous pourrions le connaître, ou, mieux, qu’il est connu. Et s’il peut être connu, c’est qu’il comporte quelque chose incluant cette connaissance. Et ce savoir nous informe de ce que nous ignorerions sans examiner ce monde.

De plus, nous sommes vite frappés par le fait étrange que nous, qui savons, faisons aussi partie du monde. Quelle que soit l’origine du monde — ou son non-être — nous faisons partie du lot initial. Ce fait signifie qu’une espèce d’êtres fut placée dans le monde, non seulement pour y être, mais pour y être connue.

Le monde sans l’homme semble incomplet, pour ainsi dire, il lui fallait une finition. Quelle finition ? Nous connaissons bien la croissance et la chute des empires. C’est à dire que toute « amélioration » porte sa ruine à venir. Alors il se peut que l’achèvement du monde ne tienne pas compte de la terre, sauf dans la mesure où elle peut servir le projet de l’homme. Mais « l’homme », membre d’une espèce collective, ne semble pas avoir de destin en ce monde que d’y trouver quelque chose qui le transcende.

Que peut signifier cette « transcendance du monde » ? Si nous n’avions l’héritage chrétien, nous pourrions nous contenter avec Socrate de l’immortalité de l’âme. Et voici cet étrange leçon, sur la résurrection des corps. « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.» (Mt 24:35).

Et le Verbe s’est fait chair. Le « verbe », par lequel chacun d’entre nous se définit est soumis au jugement. Jean nous déclare que déjà « le Prince de ce monde est jugé.» (Jn 16:11). Il en est de même pour ceux qui nous ont précédés. Et nous restons dans l’attente. Le centre du monde n’est pas le Soleil, ni l’espace sidéral. Il réside dans le verbe et nous traitera selon notre adhésion ou notre rejet du Verbe fait chair.

– 13 octobre 2015.

Statue : Le Christ Juge – par Laurent de La Haye, vers 1650 (Musée du Louvre).

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/10/13/on-this-world/