Disons oui à la robe (de mariée) - France Catholique
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Disons oui à la robe (de mariée)

Traduit par Antonia

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Le mois de juin (le pic de la période des mariages) est passé depuis longtemps, mais le mariage et ses significations divergentes continuent à être d’actualité à cause des délibérations du Synode à Rome, ainsi que de la récente décision de la Cour Suprême de ne pas traiter les cas de mariage homosexuel. J’ai récemment perdu un peu de mon temps en regardant des épisodes de « Disons oui à la robe » [ou « La robe fait la mariée »]. Si vous n’êtes pas au courant, il s’agit d’une émission de téléréalité qui se déroule dans une boutique ultrachic de robes de mariée de New York où les fiancés et leurs familles peuvent dépenser l’équivalent d’un acompte en vue de l’achat d’une maison pour un coûteux vêtement qui ne sera porté qu’une seule fois.
En regardant l’épisode, je me suis demandée si l’investissement d’une future mariée dans son mariage conçu comme un spectacle n’était pas inversement proportionnel à son investissement dans le mariage conçu comme une promesse réelle et pour la vie de don mutuel et d’amour généreux envers l’époux et les enfants. Il est difficile de ne pas penser que les mariages de rêve de ces jeunes filles ne ressemblent pas plutôt aux fantasmes d’une fillette de cinq ans (« je suis une princesse ! ») qu’au rite joyeux de passage à l’état de femme mariée d’une jeune fille.

C’est une généralisation grossière, bien sûr. Même à présent, un certain nombre de personnes luttent vaillamment contre l’Esprit du temps. Et un nombre plus grand encore s’efforce de trouver une voie raisonnable entre cet Esprit égocentrique et une attitude plus altruiste. Il est difficile, après tout, de ne pas vouloir davantage que ce que l’Esprit du temps peut nous offrir. Et même dans notre culture malade, il est difficile de tomber amoureux et de ne pas souhaiter le bien de la personne aimée, ou d’avoir des enfants et de ne pas désirer leur bonheur au point de sacrifier (temporairement au moins) son propre bonheur pour assurer le leur.

Des programmes comme « Disons oui à la robe » [« La robe fait la mariée »] sont axés sur des cas extrêmes, avec un fort potentiel dramatique et des séquences distrayantes de tensions familiales. D’autre part, ils séduisent la princesse de cinq ans chez plus d’une téléspectatrice (ainsi que des critiques revêches comme moi). Et ils soulignent, en l’outrant, une tendance contemporaine à non seulement faire de chacun la star de sa propre vie (une mode qui n’est pas nouvelle, puisque c’est une conséquence de la Chute), mais de transformer les moments clés de notre vie – les solennels rites de passage comme les bals de débutante, les fêtes de fin d’année scolaire, l’accession à la majorité, les distributions des prix et les mariages en événements dépassant en paillettes et clinquant les Ziegfeld Follies.

Mais quel que soit le glamour du jour du mariage, ce qui suit c’est une vie de femme ou d’homme marié. Peut-être qu’un grand nombre de ces jeunes mariés, meurtris par les divorces de leurs parents ou le cynisme et les messages contradictoires de la culture ambiante, souhaitent encore que leur mariage soit un événement durable et significatif. Et peut-être que, sans comprendre ce qu’ils font, ils s’efforcent de lui donner cette aura en sacrifiant au dieu du mariage une montagne de dollars.

Malgré ces efforts, l’institution séculière du mariage, bien que récemment redéfinie pour inclure davantage de catégories de couples et de familles recomposées, a bien tristement perdu de son sens et de son pouvoir. Le lit nuptial, par exemple, n’est plus le sanctuaire dans lequel les êtres humains coopèrent avec Dieu pour créer la vie. Au lieu de cela, les couples (mariés ou non) décident eux-mêmes de l’ouverture de leurs rapports sexuels à la procréation.

Donc il se peut que le mariage soit plus que jamais devenu « une grande affaire » pour un couple, dans la mesure où le mari et la femme le considèrent de cette manière. Mais cela transforme toute la notion mariage en une espèce de fantasme, de spectacle, de supertruc branché – de programme de téléréalité.

Pour que le mariage soit réellement important, il doit avoir un sens profond qui éveille des échos en nous. Ce sens doit découler de l’essence du mariage et non de la perception que nous en avons. Prenons cet extrait d’une honnêteté presque brutale du livre Du divorce considéré au XIXe siècle relativement à l’état domestique et à l’état public de société du penseur politique d’après la révolution Louis de Bonald, écrit pour révoquer la loi française libéralisant le divorce :
« [Le divorce qui] change la société domestique en une lutte entre la force et la faiblesse, entre le pouvoir et les devoirs ; qui constitue la famille en un bail temporaire, où l’inconstance du cœur humain stipule ses passions et ses intérêts, et qui finit où commencent d’autres intérêts et de nouvelles passions…[p.67] Et si l’homme porte quelquefois avec regret une chaîne qu’il ne peut rompre, ne souffre-t-il pas à tous les moments de sa vie, de ses passions qu’il ne peut dompter, de son inconstance qu’il ne peut fixer, et la vie entière de l’homme de bien est-elle autre chose qu’un combat continuel contre ses penchants ? » [p.207]

Une description de la réalité poussée à l’extrême ! Mais réconfortante en quelque sorte dans sa fermeté et son objectivité.

Voici une conclusion exacte à laquelle sont parvenus les évêques réunis à Rome : l’effondrement du mariage et de la vie familiale a fait une multitude de victimes. Des êtres désorientés, ayant une expérience faussée des relations humaines. Un grand nombre ou la plupart d’entre eux, qu’ils le reconnaissent ou non, sont objectivement coupables d’un péché grave. Pour ces gens-là qui tâtonnent dans un monde fantastique, fruit de leur propre imagination, découvrir les contours anguleux mais d’une solidité rassurante de la vérité peut être un moyen d’arriver à rencontrer la miséricorde du Christ (mais « Comment croiront-ils en Celui dont ils n’ont pas entendu parler ? »)
Ellen Wilson Fielding est une rédactrice en chef de la Human Life Review qui habite dans le Maryland.

Lundi 27 octobre 2014

http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/saying-yes-to-the-dress.html

Photographie Grace Kelley portant une robe à laquelle on ne peut que dire oui.