Craindre, angoisser, avoir peur ? - France Catholique

Craindre, angoisser, avoir peur ?

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Le temps semble accélérer sa marche : cela est d’autant plus sensible que notre pays s’effondre, pris dans les lacs d’un « elgébétisme » totalitaire, dictatorial : mot que j’invente mais que je transformerai volontiers en « elgébête » tant cette sorte glauque d’idéologie à la noix nous submerge en accumulant dans nos cerveaux les toxines des sophismes les plus absurdes ; les contre-sens à la mode burlesque ; les ignominies qui touchent à la pratique officielle et générale et recommandée de mœurs inavouables ; les lâchetés qui sont de notre facture puisque nous ne nous sommes pas encore levés pour élever des barricades et mettre dehors tout ceux qui occupent l’intérieur sans la moindre légitimité ; les ordures aussi bien de la pensée telles qu’elles s’écoulent, fumée grasse et rampante, au plus profond de nos neurones, de notre esprit, de notre âme ; des actions qui font s’enorgueillir les « scandaliseurs » d’enfants !

La monstruosité devient la norme et même la règle dite morale par des décervelés sortant bras dessus, bras dessous avec le Roi Ubu.
Ce monde-là, qui s’impose à nous jusqu’à l’abjection, je le vomie, tout en m’épouvantant que tant de « nos » frères humains succombent à des tentations qui les transforment en monstres. De pacotilles, certes, mais ayant accepté qu’il en soit ainsi.

Je lisais, il n’y a pas une demi-heure, quelques pages du « Journal » d’Alexandre Schmemann, un prêtre orthodoxe vivant aux États-Unis[1] : il s’agit de Soljenitsyne, en février 1974. Il vient juste d’être expulsé de l’Union soviétique. Un proche de Schmemann lui dit : « Je suis heureux pour Soljenitsyne personnellement. Mais quelle tragédie de mauvais augure pour la Russie ». Coups de téléphone, téléphone, téléphone, agitation, agitation, agitation. Un mot anglais idoine : harassment ! Comme cela épuise et vide l’âme. Les rêves de « calme et de liberté » : sont-ils mirages ou appels de la conscience ? Qu’au moins Soljenitsyne reste lui-même. Ce qu’il y a en Occident et qui plus est dans l’émigration est pire qu’en Russie. Cela fait peur pour lui – pour la première fois. »

Pour moi ce n’est pas la première fois : j’ai toujours, depuis mes 19 ans, le regard fixé sur le premier Congrès du Parti communiste français tenu après la guerre et où fut décidé de s’emparer de la jeunesse dès l’enfance afin de la séparer de ses parents. Et le moyen alors découvert fut que cette action d’une caractère à la fois immonde, totalitaire, scandaleux, c’était de confier cette tâche à l’Instruction publique, plus tard rebaptisée Éducation nationale. Cet adjectif n’était qu’un masque pour cacher l’affreuse détermination politique de s’emparer de nous jusqu’à faire de tous de simples calques de leur idolâtrie du Néant.

Puis il y eut, deuxième étape, les journées folles de mai 68. Je regrette d’avoir apparemment perdu, en tout cas égaré, le cahier dans lequel j’avais noté ce que je voulais dire à une assemblée de jeunes réunis dans une campagne de l’Aube au sujet de ces agapes infernales. Oui, je nourrissais les plus angoissés des sentiments et des raisons qui me laissaient entrevoir un destin perdu pour mon pays, ma patrie.

Depuis, les raisons de craindre se sont multipliées à l’infini : jamais nous n’aurions pu imaginer, fut-ce dans les cauchemars les plus fous, jusqu’où oseraient aller les supposés débiles mentaux qui nous gouvernent, aidés sans relâche par un sous-groupe d’une sous-minorité baptisée LGBT, disposant de moyens financiers sur lesquels nos joyeux juges syndiqués ne se sont jamais penchés.

Ce qui commence enfin à transpirer, ce sont les informations que des « témoins » courageux osent faire sortir des bastions seigneuriaux des Académies comme de la Rue de Grenelle. Des parents deviennent enragés car ils ont enfin compris que leurs enfants ont été pris en otages, tout comme leurs instituteurs et leurs professeurs : leur salaire contre leur obéissance, voilà ce qui commence à se savoir.

Une petite fille, il n’y a que quelques jours, est revenue de l’école, l’esprit épouvanté : sa mère s’inquiète et son enfant lui dit, d’une voix très faible tant ce qu’elle allait lui révéler lui paraissait horrible : « Ils m’ont sali mon âme ». C’était avec des images et un film.

Et depuis cet aveu, je comprends que cela fait cinquante ans pour le moins que l’on s’applique, que l’on s’acharne à salir nos âmes, à nous imposer des façons de penser et de vivre qui salissent profondément nos âmes, qui les font sombrer, douter, perdre pied.

Que disent les multitudes de chansons obscènes, de livres qui n’ont de plus grand souci que d’aller respirer l’air des latrines, des culottes et autres slips … Vagues incessantes de films qui laissent supposer qu’il est très bien de mentir, d’être infidèle entre époux, de haïr Dieu et son Christ, de mépriser les chrétiens et de les repousser dans l’encore inviolable refuge de leur maison. Qu’on ne peut que mépriser ceux qui défendent (pour combien de temps encore ?) notre pays, ceux qui élaborent des politiques raisonnables, sensibles, ceux qui aiment en respectant leur « frère humains » …

Jamais l’intolérance à sens unique n’a été aussi loin dans toutes les sortes de délires, sémantiques d’abord, moraux ensuite : tout une caste de petits mecs avec cartes PSPC, diplômes SciencePoENA en poche, s’imaginent être nos empereurs et nous enferment dans leur misère morale, culturelle, artistique, humaine. Seuls contre tout le peuple ils dictent, ils imposent leurs lois, leurs mœurs, à travers les médias qui, massivement, sont à leurs pieds.

La sémantique en effet est une arme redoutable entre leurs crocs : les mots les plus assurés de ce qu’ils signifient se retrouvent nus dans la boue de leurs marécages. Les mathématiques ont vu leur dictionnaire devenir illisible. La grammaire s’est enflée comme une sale grenouille, le vocabulaire traîne des mots construits à la diable (j’ai écrit « scandaliseur », je n’écrirai jamais « scandaliseuse » : pas plus je ne dirai « madame la présidente » ou « monsieur le sage-femme » !) : le pire, les parents se sentent humiliés de ne pas connaître les poncifs accumulés pour effacer l’idée que le français est une langue admirable et qu’elle peut donc parfaitement être remplacée par celle qui règne à Wall Street. Pendant ce temps, ces voyous en costume du dernier chic venu de la Nouvelle Angoulême, nom ancien de la Nouillorque d’aujourd’hui (simple francisation de la prononciation du mot), s’esclaffent au premier mot anglophone d’une chanson, même idiote, avec d’autant plus d’adoration qu’elle s’emballe en des mouvements hystériques. (Existent évidemment des compositeurs de belles œuvres là-bas, mais ce n’est pas tout à fait la tasse de thé de nos « déconstructeurs », tellement on les a gavés, depuis 1945, de misérables sous-produits de l’industrie yanquie dite culturelle.)

La classe politique français est composée essentiellement de nuls : seules certaines têtes dépassent, ce qui déplaît à quelques oligarques qui ont fait de nos grandes villes leur bastion jusqu’à se croire irremplaçables.

Il faut faire court, je ne suis pas l’étonnant Eric Zemmour : j’en viens donc aux délire moraux, dits sociétaux. Notre Assemblée nationale semble n’être plus, sur sa Gauche, quelque peu sur son Centre et même sur sa Droite, que le Pandèmonium national, pris sous la coupe des Grands Orientalistes. Sus à l’Infâme entendra-t-on bientôt !

C’est ainsi qu’un groupuscule composé de « défiants » sexualistes a pu s’imposer à sa tête, lui dictant, jour après jour, ses devoir et ses nécessités. Ils ignorent tout du mot « tolérance », qui a tout de même une signification honorable : usant de l’esquive et de la mise à l’index, arguant de leurs mentors intellectuels, nombreux à frotter, d’un chiffon d’expert, leurs chaussure roses, et de leurs protecteurs, notamment financiers (avec le meneur Pierre Bergé, peu regardant sur la dépense, qui recevait tel un grand prince les candidats de 2012, sans que jamais personne ne se soit inquiété de ses largesses qui, peut-être, n’ont pas soigneusement, impeccablement, raisonnablement, minutieusement, délicatement respecté les nobles et assurées « vertus et valeurs » de la République accoucheuse, dit-on, de la France millénaire …).

Sans honte mais avec douleur, sans hésitation mais en souffrant de mes propres mots, j’avoue n’avoir plus aucune confiance dans ce pays apparent (pourtant le mien) que laisse entrevoir nos Institutions politiques, qu’elles soient de représentation, d’enseignement, de formation, de décision… Aucune confiance en ceux qui incarnent cette déchéance morale, cette impuissance à redresser la barre, cette occultation effarante de ce qui fit ce peuple, littéralement assassiné par une clique pour qui un peuple n’est rien de plus qu’un peu de cendres éparpillées sur les boulevards de leurs « rodéos mentaux ». Des chefs qui dénigrent notre passé, nous font endosser les erreurs, parfois les crimes d’il y a des siècles ; des élus qui font tout ce que l’on ne désirait pas et qui se vautrent dans l’imprécision, l’amateurisme et l’écœurant gaspillage de ce qui reste pour toujours des « valeurs » inattaquables et saines.

« Ils lâchent tout », comme des vieillards incontinents, continuant, alors que le feu couve sous les apparences, à se chiffonner le museau pour savoir qui empochera la pièce d’or cachée sous le tapis.

Situation qui serait odieuse si, dans le même temps une autre France n’avait commencé à s’éveiller : décidée à « ne rien lâcher » ! Cette France-là nous fait nous souvenir de l’ancienne en ce qu’elle avait d’admirable et de grand (tout ce dont nous avons particulièrement besoin pour « être », ce qui ne supprime pas la capacité de voir le mal quand ce mal existe, mais sans juger selon nos règles d’aujourd’hui et non selon celles des temps d’autrefois) : elle nous apparaît, cette France surgit de l’épreuve, de la persécution morale, du mépris intellectualisant, avec un air de renouvellement, de resourcement aux mamelles d’une culture digne de porter ce nom, d’un savoir sans orgueil et surtout d’une foi lucide et forte.

Cette France-là n’a pas tout misé sur l’« Arbre de la Connaissance » : au contraire, elle le soumet à la bienveillance intellectuelle, conceptuelle et spirituelle de l’« Arbre de Vie ». (Ainsi, pourrons-nous un jour remettre sur le bureau de nos lycéens les œuvres des plus grands et non celles des seuls « louangeurs » de métier, des « courtisans » à la traîne de distributeurs de pots de vin et autres passe-droits ? ).

En cette France enfin nous pourrons retrouver la confiance et la faire fructifier : elle pourra ainsi redevenir ce que les « prétendants » de sous intellos qui dansent sur nos crânes lui ont fait perdre, une sorte de magistère qui tiendra plus à la Lumière qu’aux Lumières…

[1] – Ouvrage fort intéressant publié par les Editions des Syrtes.