Courage pour une Nouvelle Année ! - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Courage pour une Nouvelle Année !

Traduction Bernard Gruet

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Le cinquième jour de l’octave de la Nativité du Seigneur.
Nous nous concentrons sur la perspective de la nouvelle Année qui va commencer et dérouler ses sujets de surprise. Dans un des essais de Tom Stoppard, un personnage observe, selon un cliché classique « demain est un autre jour ». A quoi un autre personnage rétorque « Non, je trouve que demain est habituellement le même jour ».

C’est l’année que nous venons de vivre que nous pouvons prendre comme étalon pour mesurer l’espérance d’avoir une autre année qui ne soit pas pire. L’année dernière, nous nous battions quant à la décision de la Cour Suprême d’inscrire dans la constitution comme un droit fondamental le mariage homosexuel, la constitution à laquelle sont soumises toutes les lois dans notre pays. On voyait cela arriver en toute lumière.

Ce que nous ne pouvions pas prévoir, c’était l’activisme militant autour de ce thème, poussé par une sorte de certitude morale allant bien au-delà des convictions alimentant le mouvement des droits civiques. Chai Feldblum, un descendant d’une lignée de rabbins, rejeta carrément la possibilité que le religieux puisse éventuellement prétendre faire accepter certaines exemptions à l’égard d’un principe émanant désormais d’une parfaite rectitude morale. Nous n’accordons pas d’exemptions religieuses aux gens – n’est-ce pas ?- au sujet des lois interdisant les discriminations raciales. Pourquoi en tolérer davantage quant au sujet du mariage et de la sexualité ?

Inutile de répéter ce que nous avons déjà pu enregistrer comme témoignages, avec des gens perdant leur travail ou leurs entreprises si cette nouvelle éthique n’est pas admise par eux. Des petites universités chrétiennes risquent de disparaître si elles refusent d’admettre l’avortement et la contraception dans leurs clauses d’assurance médicale. Ou, si elles laissent tomber leur assurance, elles peuvent être attaquées pour ne pas souscrire à un programme de protection particulier pour les LGBT – lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres. Paul McHugh, transgenre, hospitalier à l’hôpital John Hopkins, a prétendu qu’il s’agissait là de fantaisies, de lubies, portées par de pures théories, sans lien avec le monde et la nature dans lesquels nous vivons. Et cependant, on constate que les dirigeants et administrateurs d’importantes universités signent de tels engagements conformes à ces nouveaux principes, comme s’il s’agissait de faits incontestables et d’une doctrine morale ne devant pas être remise en question.

Il est devenu évident que ces idées, soigneusement couvées dans les universités américaines, ont tracé leur chemin jusque dans les écoles de Droit. Et, de là, elles ont pénétré le monde judiciaire fédéral. Les cours fédérales sont devenues un vecteur majeur de dérèglement brutal de notre culture, car elles ont tracé la voie pour démolir les lois qui, naguère, exerçaient un contrôle modeste mais réel sur pornographie; contraception, avortement et sexualité.

Il devrait être évident à quiconque a des yeux pour voir que ce mouvement serait porté à un degré encore plus étourdissant si le parti de gauche avait quatre ou huit ans de plus pour bourrer le monde judiciaire de gens représentant, avec des armes tranchantes, cette prétendue éthique qui les a subjugués.

Les médias ont choisi de ne pas donner de couverture à un indice très significatif de notre politique: fin-septembre, 177 Démocrates au Congrès ont voté contre le projet de loi punissant les chirurgiens qui tuent des bébés nés viables, qui survivent à un avortement. Le projet de loi fut voté par 243 Républicains, auxquels se sont joints seulement 5 Démocrates. J’ai observé une certaine réserve à l’égard des leaders Républicains qui n’ont pas pris en public la défense des partisans du « droit de naître ». Mais, pour ces derniers, il faut reconnaître une bonne dose de bêtise à ceux qui ne veulent pas trancher et admettre qui sont ceux qui prennent des positions conservatrices dans notre politique.

Le désarroi est aggravé actuellement par une histoire romanesque, parmi les conservateurs, avec un homme qui s’est taillé une personnalité publique en disant des choses que nous n’aurions jamais imaginées prononçables en public. Ce nouveau personnage a provoqué un choc dans le parti du droit à la vie, sans offrir de réflexions précises et sérieuses sur la façon dont il comprend les questions de l’avortement et du mariage, et sans dire ce qu’il aurait à proposer à leur sujet.

Feu Charlie Rice, cher ami de l’Ecole de Droit de Notre-Dame, avait l’habitude de me bousculer un peu en me disant  » Ne perds pas l’espérance; souviens-toi que tu es du côté des vainqueurs ». Et je dirais:  » Tu as peut-être raison, Charlie, mais il serait agréable de gagner une fois de temps en temps ». Il reflétait ainsi un esprit d’espérance catholique et de joie profonde, commençant avec un ange qui proclame : »N’ayez par peur; car contemplez, je vous annonce la bonne nouvelle de grande joie pour tout le monde ».

Nous avons vu nous-mêmes des changements radicaux qui se sont produits grâce à la conversion, chez des personnes que nous connaissons. Et si cela peut arriver avec quelqu’un, cela peut se reproduire, nous le savons, avec beaucoup d’autres. Nous avons aussi vu récemment se manifester chez des jeunes une obsession religieuse se transformant en passion pour qu’ils se sacrifient en massacrant des innocents. Et si nous savons que cela peut arriver, pourquoi douter que des gens peuvent être réanimés, et mobilisés de nouveau, par une vérité religieuse qui enseigne la sainteté de la vie humaine ?

En cette nouvelle année, nous avons besoin d’un renouveau d’espérance; mais il serait bien utile de commander le retour d’une certaine clairvoyance.

29 décembre 2015


Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/12/29/bracing-new-year/

Photo : L’obscurité avant l’aube: journées mondiales de la jeunesse 2013


Hadley Arkes est le « Ney Professor of Jurisprudence » du Amherst College. Il est aussi le créateur et directeur du « Wilson Institute on Natural Rights & American Founding », à Washington.