Cinéma et christianisme  - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Cinéma et christianisme 

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Trois des films sortis depuis quelques semaines ont comme sujet le christianisme : chacun avec une histoire particulière, mais le fait est que la foi chrétienne est bien un sujet qui intéresse les cinéastes contemporains.

Certes, deux, avec L’apôtre et Chemin de croix, s’inspirent de l’histoire personnelle des cinéastes, dévoilant ainsi leurs questions les plus intimes, sans les refouler pas ans la sphère du privé, pour se soumettre aux ayatollahs de la laïcité. Un beau sujet ne fait cependant pas un beau film, comme l’illustre l’exemple de Cristeros, qui a eu le grand mérite de dévoiler un épisode mal connu de la persécution religieuse, tout en desservant son objectif avec un film lourd et jouant outrageusement sur les bons sentiments (et en cela, j’affirme mon désaccord sur cette question avec Gérard Leclerc).

Traiter de la foi nécessite en effet, non seulement de connaître son sujet (ou du moins de faire en sorte de le connaitre) mais aussi de la subtilité, tant le sujet est délicat et touche au plus secret de la personne. Chemin de Croix, un film allemand en salle depuis le 29 octobre, répond à cette ambition. L’histoire prêterait pourtant facilement à la caricature : Maria est une adolescente idéaliste et très fervente, qui appartient à une famille intégriste.

C’est sa descente aux enfers que raconte cette triste histoire. La jeune fille a décidé d’être une sainte, non pas pour elle-même, mais pour obtenir de Dieu la guérison de son petit frère autiste. Toute religion a ses intégristes et le catholicisme n’échappe pas à la règle. Sur les juifs orthodoxes, il y avait eu le magnifique Father and God, qui dans un contexte très différent démontrait le même mécanisme. Mais à la différence du premier où le père occupait la première place, c’est Maria, là qui tient le premier rôle. Comme beaucoup de jeunes de cet âge, elle est entière dans ses attitudes, refuse le médiocre et exige d’elle-même l’impossible : on lui a dit qu’il n’y avait rien de plus beau que de donner sa vie à Dieu, elle va y aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la mort.

Construit en 14 tableaux, les 14 stations du chemin de croix, le film déroule implacablement le fil de l’histoire. Sauf que c’est en réalité, sa mère, emprisonnée dans un légalisme étouffant et prisonnière de principes, qui mène sa fille au sacrifice. Esclave de ses peurs, elle est incapable de porter secours à sa propre fille et de l’aimer comme une mère. Le film, qui aurait pu facilement être à charge du catholicisme, montre au contraire que cette conception de la foi est totalement dévoyée et mortifère, tout le contraire d’une foi au Christ qui libère de toute peur pour choisir la vie.

La dernière scène où la mère pleure enfin est emblématique de la finesse du film : pleure-t-elle parce qu’elle réalise enfin son aveuglement idéologique, ou bien parce qu’elle pleure sur l’amour qu’elle n’a pas su montrer à sa fille, la question reste ouverte. Le personnage du jeune prêtre, charismatique et redoutable débatteur, montre aussi d’une part, l’emprise terrible que peuvent exercer un pasteur charismatique sur ses ouailles trop soumises, et la formation (pour ne pas dire l’excellent formatage) de ces personnages, qui en font de redoutables adversaires.

La foi n’est pas l’ennemi de la raison, bien au contraire, faut-il encore que les deux soient vraiment éclairées par l’amour de Dieu et du prochain. C’est cette loi première que refusent les fondamentalistes de toute religion, toujours prêts à égorger leurs amis pour satisfaire à leur idéologie.