Ce qui se passe - et où nous allons - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Ce qui se passe – et où nous allons

Traduit par Claude

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Préciser la signification précise de l’orientation pastorale de Amoris laetitia (AL) pour la réception de la Sainte Communion n’est pas la vraie crise qu’affronte l’Eglise. AL est enchevêtrée dans un combat de plusieurs siècles avec le Subjectivisme, qui cherche à établir la primauté du jugement personnel en tant que véritable norme de la vie chrétienne. Par conséquent, aucune réponse à la dubia des cardinaux ne pourra résoudre cette crise car ce n’est pas AL qui l’a commencée. Et en outre, la controverse a maintenant atteint le point où la question qui se pose à nous est l’interprétation authentique du Magistère ordinaire de l’Eglise, et non la signification de l’orientation prudentielle trouvée dans les moindres lettres pastorales de différents Papes et évêques.

Les attaques du subjectivisme a ses racines non seulement dans « l’interprétation personnelle » des Ecritures de la Réforme, mais aussi dans l’individualisme et le relativisme subséquents qui ont caractérisé l’Occident moderne et post-moderne. C’est la même erreur que celle à laquelle le cardinal Newman s’est opposé au 19e siècle. Bien que Newman ait défendu de façon illustre la conscience, il insistait sur le fait que son seul jugement personnel était d’accepter l’Eglise en tant qu’enseignante, après quoi, il fallait être docile à la proclamation normative de l’Evangile par l’Eglise.

Il affirmait la vérité apostolique que, dans la conscience, comme dans la vie, nous nous tenons devant Dieu avec le Christ et l’Eglise, et en aucun cas seuls. Au cours du XXe siècle le subjectivisme à créé des métastases parmi les catholiques et les autres chrétiens, privant beaucoup de courants protestants de leur témoins et de leur adeptes, et promouvant la désastreuse interprétation erronée de Vatican II (la soit-disant Herméneutique de la discontinuité). Humanae Vitae (HV) était bien entendu un grand virage, et les théologies de morale erronée ont gagné de la popularité à partir de ce moment là.

Les papes Jean-Paul II et Benoît XVI se sont efforcés durant leur ministère de corriger les erreurs du Subjectivisme avec le minimum de condamnation, en préférant des affirmations prudentes, claires et consistantes sur la Foi présentant l’authentique esprit de Vatican II. En rétrospective, il semble qu’ils aient voulu réunifier l’Eglise patiemment et la guider calmement hors de la confusion.

Ils ont fait une avancée significative parmi la plus jeune génération de catholiques engagés et, au moins en Amérique, parmi les jeunes prêtres. Cependant, ils n’ont pas persuadé beaucoup des plus anciens adhérents du Subjectivisme parmi les théologiens, le clergé et les évêques. Ainsi le 21e siècle trouva une Eglise plus forte, mais avec la controverse non résolue. C’est le contexte général que sont le Pape François, les deux synodes et Amoris Laetitia.

La lutte préexistante contre le Subjectivisme explique pourquoi certains passages peu concluants d’une simple exhortation papale ont été pris comme étant un changement fondamental de la croyance et de la pratique de l’Eglise. En d’autres circonstances, les passages auraient été interprétés, et les questions pastorales auraient été résolues, en continuité avec tout ce qui précédait.

Au lieu de cela, nous constatons un effort pour promouvoir des pratiques relatives au mariage et de la morale qui, sans se soucier des intentions des interpréteurs, se met en accord avec le subjectivisme des théologies morales déjà réfutées au cours des cinquante dernières années. Particulièrement sont en état de risque les vérités que:

1. L’Evangile enseigne que l’Eglise est une norme de comportement réaliste plutôt qu’un simple guide ou un idéal.

2. En toutes circonstances, Dieu donne la grâce de vivre selon les normes de l’Evangile.

3. Un mariage valide est permanent,

et

4. Le mariage, la conscience et la réception de la Sainte Communion sont christologiques et ecclésiaux plutôt que strictement personnels.

Nous savons à partir de HV ce qui arrive ensuite. Une fois que de fausses croyances et pratiques sont autorisées ou mandatés publiquement il deviendra presque impossible de ramener à la fidélité les évêques, les prêtres, les théologiens et les fidèles , même avec des efforts pastoraux acharnés pendant des décades.

Par définition, les prêtres et les évêques soutenant la vérité seront minimisés parce qu’ils seront incapables de mettre en avant des croyances et et pratiques uniformes. Des efforts seront fait pour faire valoir que des interprétations inexactes ou fausses de l’Evangile sont cohérentes avec le Magister authentique, en présentant le véritable « développement », le « renouveau » ou l’« esprit » de la foi catholique. Pour réussir, ces efforts devront marginaliser les critiques, s’abaissant à proférer des insultes (par exemple « Pharisien », « nostalgique » et « rigide ») ou en les qualifiant de minorité malhonnête.

Les évêques de l’état de Malte et d’autres ont déjà été, indépendamment, au delà du texte de AL jusqu’à faire valoir que l’enseignement établi de l’Eglise donne mandat à ceux qui sont « en paix » avec leur conscience (une situation qui n’est pas limitée aux personnes « remariées ») d’être admis à la Sainte Communion. Ainsi, ils prétendent parler au nom des « véritables » intentions du Pape dans AL et donner la seule interprétation authentique de la foi catholique. L’implication, quelques fois formulée explicitement, est que ceux qui ne sont pas d’accord n’agissent pas « en communion » avec le Pape.

Ainsi, en une seule année, la question, qui était de considérer que la Sainte Communion pouvait, dans de rares cas, être donnée à des personnes « remariées », confiant aux évêques locaux le soin de déterminer la conduite à suivre, est devenue un mandat accordé de recevoir la Sainte Communion à quiconque ayant une « bonne conscience », et de proclamer que cette innovation est en pleine communion avec Rome. Si cette dernière position tient, il n’y aura plus de place pour les cas de conscience des prêtres, ni pour l’autorité des évêques qui ne sont pas d’accord.

Pour être clair: Ce qui est maintenant promu – parfois même dans les journaux du Vatican – sont des théologies et des pratiques qui étaient jusqu’à lors rejetées comme étant contraires à la Foi. Rappelez-vous des suites de HV et considérez où nous serons dans quelques années si les enseignements sur la conscience, le mariage et la Sainte Communion sont outragés et abandonnés par les laÏcs, le clergé et les évêques au même degré. Seule une réaction rapide pourrait prévenir de graves dommages aux âmes et à la vie de l’Eglise.

Le problème n’est pas AL. La question est: la nouvelle approche reflète-elle le Magister ordinaire de l’Eglise en communion avec Rome comme revendiqué? Si ce n’est pas le cas, que doit on faire?

Après HV l’Eglise a engagé une guerre froide contre le Subjectivisme sans un succès total. Cette stratégie ne fonctionnera pas aujourd’hui, alors que le temps qui passe pourrait se révéler catastrophique, et que les interprétations erronées du Magister se propagent. Avec l’enseignement de l’Evangile comme enjeu, les fidèles ont besoin que le pape et les évêques leur donnent plus que des conseils ambigus, un silence ou des proclamations politiciennes de lutte. Nous avons besoin de la clarté et de l’autorité d’un témoin digne des Apôtres.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/02/10/whats-happening-and-where-were-headed/

Tableau : La parabole des aveugles, par Peter Bruegel l’Ancien 1568 [Museo di Capodimonte, Naples]l


Le père Timothy V. Vaverek, STD a été prêtre du diocèse de Austin depuis 1985, et est actuellement curé de paroisse à Gatesville et Hamilton. Son doctorat était sur la dogmatique avec un éclairage sur Ecclesiology, Apostolic Minister, Newman, and Ecuménism.