Ce qu'est l'âme humaine - France Catholique
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Ce qu’est l’âme humaine

Traduit par Bernadette Cosyn

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Un des passages les plus éclatants des Ecritures, souvent répété par Saint Ignace, dit : « quel est le profit pour l’homme de gagner le monde entier et de perdre son âme immortelle ». (Marc 8:36) Certaines traductions veulent remplacer le mot « âme » par le mot « vie ». Et il est vrai que l’âme est un concept grec, pas tellement hébreux. Mais si nous disons : « quel est le profit pour l’homme de gagner le monde entier et de perdre la vie », le sens de ce passage est entièrement changé.

Nous allons perdre notre vie d’une manière ou d’une autre, à plus ou moins brève échéance. Le mot « âme » nous questionne : la fin de notre vie terrestre est elle une fin définitive -point final – ou bien existe-t-il quelque chose d’existentiellement transcendant en chacun de nous, ce qui est implicite dans la notion d’âme.

De plus, l’âme n’est pas un « esprit » qui vivrait par lui-même dans notre corps ou flotterait ici et là hors de notre corps. Les anges sont des esprits. Pas nous. Nos âmes conservent toujours leur rapport au corps qui fait de nous des personnes entières, selon notre nature. La vieille conception manichéenne était que la matière était le mal, et donc que la perfection de l’homme était d’échapper à la matière.

Quand une « spiritualité » sous-entend que le corps a quelque chose d’intrinsèquement mauvais, elle n’est pas chrétienne. Ce qui ne veut pas dire que notre corps et ses passions ne peuvent pas nous créer des difficultés. Cela signifie que l’une des fonctions de l’âme, ou de l’homme grâce aux pouvoirs de son âme, est de se discipliner, d’être vertueux. La signification de l’immortalité de l’âme est, en quelque sorte, que les actes vertueux ou vicieux que nous posons ont une trace permanente dans le temps et l’éternité.

L’âme est le principe vivifiant qui fait que nous sommes qui nous sommes. Nous sommes des êtres limités qui vivrons pour l’éternité. l’âme est la forme qui garantit la continuité entre cette vie et la prochaine. Autrement, au moment de perdre la vie, nous perdrions tout. Toute la tragédie de ce que nous sommes en réalité n’aurait aucun fondement.

Bien des scientifiques au cours des siècles ont recherché l’âme sous le microscope ou avec d’autres dispositifs. Ils ne l’ont jamais trouvée. Les méthodes utilisées partaient du principe que l’âme contenait quelque substance matérielle. Ce n’est pas le cas. Comment le savons-nous ?

L’expérience la plus commune qui implique notre immortalité est la pensée. Quand nous réfléchissons sur nous-mêmes, nous découvrons que nous rencontrons des principes qui restent le mêmes toujours et partout. Alors ? Comment sommes-nous capables de cela si nous n’appartenons pas d’une certaine façon au règne de l’immuable ?

Durant le cours de notre vie, nous restons la même personne alors que chaque atome de notre corps physique est fréquemment remplacé. Quelque chose de constant dans le temps nous fait être et rester le même être qu’au jour de notre conception, malgré tous les changements de l’âge et de la santé.

Supposons que nous n’ayons pas d’âme, que notre mort soit la fin ultime. Si nous rendons cette supposition universelle, aucune vie humaine ne marque une différence fondamentale. Aucune récompense pour le juste, aucune punition pour l’injuste. Dans cette hypothèse, l’existence humaine est absolument vaine.

Mais, insistons là-dessus, l’âme n’est pas l’homme. Ni John ni Suzie ne sont des « âmes ». Chacun d’eux a une âme. Chacun de nous, corps et âme, est un être humain. C’est en raison de ce fait que la doctrine de la résurrection du corps est à la fois si remarquable et si logique. Elle est remarquable parce que elle fait appel au sens que chacun donne à sa propre vie, par ses pensées et ses actes. Ces derniers indiquent comment il s’est construit, en homme bon ou en homme mauvais.

Elle est logique parce qu’elle indique que Dieu n’avait pas prévu, en première intention, la mort de l’homme. La mort, ainsi que le pape Benoît l’a noté dans Spe Salvi, est, dans notre condition présente, à la fois une bénédiction et une malédiction. Une bénédiction parce que vivre encore et toujours dans ce monde serait un enfer. C’est un châtiment, mais un châtiment dans la ligne du projet originel de Dieu en nous créant, en vue de nous associer à sa vie trinitaire dans notre être complet, tel que créé originellement.

Oui, « quel est le profit pour l’homme de gagner le monde entier et de perdre son âme immortelle « . La réponse est : aucun profit. Se poser cette question témoigne de notre dignité. Nous ne choisissons pas de venir à la vie. Nous ne choisisssons pas d’être comme nous sommes. Mias nous avons réellement à choisir de devenir ce que nous sommes destinés à être. Personne d’autre ne peut le faire à notre place.


James V. Scall, qui a été professeur à l’université de Georgetown pendant trente-cinq ans, est l’un des écrivains catholiques les plus prolifiques aux Etats-Unis.

source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/on-the-human-soul.html

Image : Résurrection des Morts de la synagogue de Dura-Europos (c.100 après J. C.)