« Brexit » : une victoire à saluer - France Catholique
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« Brexit » : une victoire à saluer

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Il y a quelques jours je m’étais aventuré dans le maquis de la « prévision » : je donnais le Brexit gagnant. En ouvrant ce matin la radio dès mon levé, j’ai comme entendu sonner les cloches de la Tour de Londres… si toutefois il s’en trouve en cette antiquité architecturale. La conjoncture m’a été favorable sans faire de moi un prophète…

Par contre, étonnement profond en écoutant les pronostics alarmants de tous les financiers, hommes d’affaire, patrons d’entreprise de la planète, à croire que le cœur de cette Europe refusée n’était qu’une énorme machine à ne faire que des sous et que le « pauvre et stupide Brexit », à les entendre, allait, ce soir ou demain, provoquer son effondrement et le nôtre ; également, saisissant les propos des légions de boursicoteurs, je trouvais étrange que soient prévus avec tant d’aplomb un si grand nombre de catastrophes alors qu’il serait plus sage d’attendre les quelques jours nécessaires pour que tout se rétablisse ou se dégrade. Ne va-t-on pas finalement se rende compte que dans ces domaines les solutions de rechange ne cessent de se multiplier ?

Qu’émoustillés par l’urgence, les inventeurs de chez Moulinex se soient déjà mis au travail ? Que les Prix Nobels d’économie aient revu leurs tablettes pour découvrir qu’au contraire ce serait très profitable aux vainqueurs ? Surpris enfin que tous les spécialistes de l’information, journalistes de tout poil, exerçant leur métier sur papier journal, au cœur des ondes ou sur les écrans, n’eurent aucune autre analyse à nous transmettre que celle du négativisme : pas un seul pour ne pas verser de larmes sur les affaires brexitiennes qui vont obligatoirement, selon eux, « fluctuater et peut-être mergiturer ».

Je reviens chez moi : il me semble nécessaire de réfléchir en non-orthodoxe sur ce que devrait être le devenir de l’Europe.

Je n’ai aucun doute sur le fait que les Anglais se réadapteront sans problèmes, d’autant qu’ils n’avaient en vérité qu’un pied en cette Europe qu’ils croyaient n’être qu’une tirelire, une machine à sous et un jackpot, l’autre servant d’hélice à leur imagination « commonwealthienne ».

Si leur PIB en prend un coup tout au long de ce qui reste de l’an deux-mille seizième, il n’est pas improbable que le Lion symbolique qui, depuis Westminster, ouvre sa gueule sympathique sur l’univers entier afin de faire savoir en quelques rugissements que « tout va mieux », à défaut éventuellement d’aller bien proclamera bientôt que la City poursuit son formidable négoce universel, n’ayant aucunement de se transférer à Paris, ce qui serait vraiment très, mais vraiment très coûteux…

Plusieurs personnalités réputées capables de faire face à l’imprévisible ont été d’une prudence excessive quand il s’est agit de prévoir ce que l’Europe, touchée jusqu’au sommet de ses neurones, suspectée de n’être plus qu’une sorcière quelque peu sénile, allait devoir entreprendre pour s’amender, se modifier, se régénérer, se réinventer ou se mettre à la retraite. A mon sens, elle n’est par elle–même capable de rien d’efficace ou de désirable.
Cette vieillerie décomposable, l’Europe, elle n’a pas attendu que soit le Brexit pour aller mal : pire, devenir odieuse à tous les peuples qu’elle est censée gouverner, guider, aider, enrichir… Monsieur Hollande a presque lâché le concept de l’« unification », derrière lequel se cache le désir des « europhilâtres » que se crée un terrifiant, culturellement parlant, état fédéral, genre Etats-Unis d’Amérique : mais les états fédéraux d’outre Atlantique pouvaient se concevoir parce qu’issus d’un moule unique, mais les nations européennes portent chacune en elles un embryon à l’ADN fort différencié par rapport à presque tous les autres. Certes, la civilisation peut être dite plus ou moins commune, sauf que les différences ne manquent pas d’être d’importance de même que « ses » histoires millénaires.

Le noyau d’un tel état fédéral traditionnel ne manquerait pas, de par ses dirigeants appartenant à l’une ou l’autre de ces histoires, d’être plus ou moins tiraillé, bousculé, régulièrement désagrégé…

Une autre façon de concevoir la vie commune est à étudier sérieusement. En vérité, je n’imagine personnellement qu’une seule conception de l’Europe dite « unifiée », en mesure de tenir la route : celle d’une Union où les nations maintiendraient chacune leur autorité sur l’essentiel de ce qui les constitue, les caractérise, tout en réfléchissant aux possibilités de travailler les unes avec les autres en vue de signer, à deux, trois ou davantage, toutes les sortes possibles de contrats qui seraient ensuite gérés entre elles, quitte à ce que l’unité fédérale soit appelé librement à les aider.

Ces contrats auraient naturellement la particularité d’être des outils de coopération touchant tous les domaines de l’activité humaine : certaines de ces nations établiraient ainsi tel ou tel de ces accords particuliers, par exemple relatifs à tel enseignement universitaire ou d’apprentissage agricole ou d’échanges d’informations juridiques à moins qu’il ne soit question que de s’associer étroitement en matière de transports ou de sécurité publique. Ces contrats, étudiés avec une attention, une précision extrêmes, ne seraient pris en charge que succinctement par l’unité centrale, dont l’autorité serait naturellement limitée à ce que le plus grand nombre des nations auraient décidé de partager entre elles toutes.

L’ensemble donc des contrats qu’elles auraient, chacune, concluent avec telles autres nations en tenant compte de leurs capacités, de leurs moyens, de leurs conceptions politiques, économiques, culturelles, historiques et géographiques constituerait le tissu solide à la fois de la liberté réelle de ces états comme de la bonne gestion de leurs engagements réciproques.

Engagements qui, en aucune façon, ne devraient obliger ces nations à être pour toujours tenues à les respecter : une durée légale précise, ni trop courte ni trop longue, devrait permettre régulièrement de les revisiter, de les adapter aux nouveautés vécues, de les approfondir ou de les alléger, de les modifier ou de les supprimer suivant les modifications qu’imposerait l’histoire au jour le jour, que supposeraient éventuellement l’évolution de la volonté des peuples : ceux-ci devraient alors être consultés par référendum lors des étapes les plus significatives.

Rêverie bien entendu que ce schéma : je ne voie pas nos élus imaginer une telle évolution de nos rapports avec le monde européen… Ne serait-il pas, pour autant, possible de développer certaines de ces quelques fenêtres ouvertes par cette rêverie ?