A propos de la Révélation - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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A propos de la Révélation

Traduit par Claude

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Le mot « révélation » signifie que quelque chose qui n’est pas connu est rendu manifeste ou clair. Si je soutiens que rien ne peut m’être révélé, cela implique :

a) que je suis moi-même omniscient, ou

b) que rien d’intelligible, qui n’est pas déjà connu, ne peut m’atteindre, à l’exception de ce qui est accessible à la connaissance humaine par mes propres pouvoirs limités.

En outre, si quelque chose est inconnu, quelqu’un, ou quelque chose, doit intervenir pour le faire connaître, autrement nous n’aurions pas connaissance de son existence. Lorsque quelque chose devient connu, ce n’est plus de l’inconnu. Une fois que quelque chose qui n’était pas connu devient connu, cette nouvelle connaissance devient la base d’une meilleure connaissance, même des choses que nous connaissions déjà.

Si quelque chose m’est inconnu, il faut me la faire connaître de telle manière que je puisse la comprendre, autrement, cela me reste encore inconnu. Si ce que je ne connais pas m’est expliqué en grec, je dois connaître le grec pour comprendre ce qu’il signifie ou le faire traduire dans une langue que je comprend.

La phrase, fameuse ou infâme –  » c’est du Grec pour moi «  – signifie que, comme je ne comprend pas le grec, tout ce qui est dit dans ce langage très rationnel est du charabia pour moi. Le problème cependant n’est pas que ce est qui dit en grec est inintelligible, mais que je ne connais pas la langue dans laquelle sa compréhension est claire.

L’existence de la révélation, sa possibilité, présuppose que de nombreuses choses peuvent être connues par l’esprit humain mais pas toutes ou du moins pas sans aide. La révélation pourrait signifier que des choses contradictoires peuvent être connues, comme par exemple résoudre la quadrature du cercle.

Mais une révélation basée sur l’hypothèse qu’elle résout de telles choses intrinsèquement contradictoires est incohérente. Ainsi elle ne pourrait pas être révélée, elle ne pourrait pas être une révélation.

Une révélation doit être reliée à l’esprit de telle manière qu’en la recevant elle ne détruise pas l’esprit qui la reçoit. Faire que le bien soit le mal, ou que l’impossible soit possible, en d’autre termes le volontarisme, détruit ce que doit être l’esprit. Si chaque chose, ici et maintenant, pouvait être autre que ce qu’elle est, nous ne pourrions donc, logiquement, rien connaître, car tout ce qui existe pourrait être autre.

Le catholicisme est une révélation, et non une religion. Le mot « religion » se réfère à une vertu par laquelle nous connaissons de Dieu ce qui est possible par nos propres moyens rationnels humains, sans assistance, comme on dit. « Révélation » signifie que, en plus de tout ce que nous pouvons savoir par nos propres moyens, une autre source de connaissances et de vie existe qui peut s’adresser à nous, et se faire connaître de nous.

Cependant, certaines des choses que la Révélation nous fait connaître, nous sont déjà connues par nos propres moyens. C’est ce qui nous alerte sur le pouvoir de persuasion d’autres éléments que nous ne pouvons pas connaître de notre propre chef. La révélation chrétienne nous vient des récits de la naissance, de la vie, de la mort et de la Résurrection du Christ. Son contenu comporte deux éléments de base :

a) La nature de la vie intérieure trinitaire de Dieu;

et

b) une des personnes de cette vie intérieure est devenue un homme. Depuis que le Christ s’est incarné, il nous a parle dans un langage humain. Ce qu’il a fait et dit a pu être consigné, compris et transmis.

Si ces choses nous ont été révélées, pourquoi avions nous besoin de les connaître? Pourquoi ne pouvions nous pas les concevoir par nous-même ?

Simplement, pour comprendre la vie intérieure de Dieu, nous devrions être Dieu nous-même. Mais, si seul Dieu peut comprendre Dieu, cela n’implique pas que Dieu veuille que ne sachions rien de Sa nature et de Sa vie.

Pour des raisons qui nous sont logiques, il est possible que Dieu veuille que nous en sachions plus sur ce qu’Il est, que ce que nous pourrions imaginer par nous-même. Pourquoi Dieu voudrait-il que nous en sachions plus à propos de Sa propre Existence? Parce que c’est pour le connaître mieux que nous existons.

Quelles raisons peuvent être avancées? Saint Thomas d’Aquin en énumère brièvement quatre :

1) nous avons besoin d’avoir une notion de notre propre finalité, c’est à dire de Dieu;

2) alors que nous pouvons imaginer beaucoup de choses, nous avons besoin d’avoir des notions plus précises sur le bien et sur le mal;

3) la plus part du temps le mal a son origine dans nos pensées – nous avons besoin de penser clairement pour agir correctement;

4) nous avons besoin de savoir si nos actions ont des conséquences. Sont-elles punies ou récompensées? Ont-elles une signification ? Oui, elles seront sanctionnées et ont une importance.

Pourquoi Dieu n’a-t-il pas tout créé de façon tellement fascinante que nous ne pourrions pas faire autrement que de l’adorer ? Fondamentalement parce que cela éliminerait toute liberté. Dieu insiste pour être choisi et aimé librement.

Sa révélation a une aura de vérité et d’amour. La Révélation s’adresse à notre esprit et à notre âme. Le véritable drame de notre existence se situe dans nos réponses personnelles à l’initiative divine qui nous enseigne ce que nous sommes, en nous révélant qui est Dieu.


James v. Schall, S.J. qui a été enseignant à l’université de Georgetown pendant trente cinq ans, est l’un des plus prolifiques écrivains catholiques en Amérique. Ses livres les plus récents sont The Mind That Is Catholic. The Modern Age. Political Philosophy and Révélation: A Catholic Reading and Reasonable Pleasures.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/on-revelation.html

Tableau : « Saint Jean à Patmos » par Tobias Verhaecht, c. 1598