7 - Un contre-projet chrétien - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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7 – Un contre-projet chrétien

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Contrairement à certains, cette fougue anticommuniste n’atténua pas l’antigermanisme de Castelnau. Au lendemain de l’anschluss, il écrivait dans L’Epoque (4 avril 1938) :

« … Nul ne saurait ignorer, ni l’Encyclique sur l’hitlérisme, ni la guerre déclarée au christinaisme et les persécutions des chrétiens catholiques par l’Allemagne du national-socialisme.
« Un éminent historien, collaborateur de la Revue des Deux Mondes, Vicgor Giraud (vient d’écrire qye) « la guerre de 1914-18 a été une guerre religieuse, la plus grande des guerres religieuses ». L’absorption de la catholique Autriche par l’Allemagne païenne de Thor et de Wotan est un lamentable épisode de cette guerre qui se poursuit inexorablement.
La France est aujourd’hui dans le monde, quoi qu’on puisse dire, le symbole le plus vivant de la catholicité et le puissant rempart de la civilisation chrétienne… »

Sur la même lancée, après Munich, le 13 novembre 1938 (in L’Epoque) :
« L’heure de dire non ! »
« … Dans un de ses discours, le chancelier allemand, grand pontife du racisme matérialiste (a invoqué Dieu)…
« Sur ce chemin criminellement tracé par Thor et Wotan, ces faux dieux de la barbare et envahissante Germanie, l’Allemagne trouvera la France chevaleresque et chrétienne ardemment attachée à l’intégrité de son empire, un et indivisible. Elle dira fièrement, une fois de plus, comme à Verdun : « On ne passera pas ! »

Enfin, quatrième série d’observations, face au communisme, le « contre » ne suffit pas. Au défi socialo-communiste, même à la FNC, on se sent tenu d’opposer un contre-projet chrétien. Cela est manifeste lors des journées des 26-27 octobre 1936, consacrées au lancement de la campagne d’année 1936-37.

Le mot d’ordre est « barrer la route »- très style FNC et Castelnau cela. Et il est souligne qu’il faut être prêt à « barrer la route » physiquement. Dans ses conclusions Jean Le Cour Grandmaison le souligne : « Dans certaines circonstances, il serait peut-être nécessaire de lui (au communisme) barrer la route dans la rue et il (serait utile) alors que la masse des catholiques de France soit préparée à cette éventualité. » Et de renvoyer aux directives données déjà précédemment, par le Général.

Oui mais… la résistance physique n’est pas suffisante, développe Le Cour Grandmaison. Il faut, non moins « barrer la route… dans les esprits ». A cette fin, il faut expliquer la doctrine et la visée marxiste. Surtout, il faut opposer à l’offensive communiste un plan de reconstruction de l’ordre social. Jean Le Cour Grandmaison va même jusqu’à citer Lénine selon lequel : « Le mouvement qui se cantonne dans la défense, se cantonne par là-même dans le mouvement. » Et invoquant l’abbé Lallement, intervenu avant lui, il exhorte : « Pas de replâtrage partiel, une reconstruction totale » (op. cit. p. 92).

Dans cet esprit, au cours de ces journées, plusieurs intervenions furent consacrées à « l »‘ordre corporatif », présenté comme la « troisième formule » – entre le libéralisme et le collectivisme – comme « la solution vivante et souple… catholique et française que La Tour du Pin a eu le mérite génial d’exprimer ». Présentée, aussi, comme d’autant moins utopique qu’une analyse des évolutions des institutions sociales existantes indique qu’elle est en passe de se réaliser, soutint Georges Viance.

Cette troisième voie le Vice-Président de la FNC la préconisa, à nouveau, comme solenllement dans le discours qu’il fit lors du débat à la Chambre des Députés sur la politique générale du gouvernement de Léon Blum, le 9 mai 1937 (cf. Journal Officiel) et in Jean Le Cour Grandmaison. Un homme d’action et de contemplation par Annik de Lassussd-Saint geniès, Ed. Beauchêne, 1980). Un discours qui fit impression et resta longtemps dans la mémoire catholique sociale, voire au-delà :

« (Il nous faut) un ordre humain qui, rétablissant la véritable hiérarchie des valeurs, mette l’argent au service de l’homme et l’homme lui-même au service d’un idéal qui le dépasse et qui donne un sens à sa vie…
« Ce que Monsieur Bergery appelle des réformes de structure, ce que j’appelle moi, une révolution dans la paix… »

« Révolution dans la paix » ? Comme c’est drôle ! En 1944, le MRP se donnera pour obectif « La révolution par la loi » et il sera beaucoup bruit de « réformes de structures », comme quoi, les idées, ça chemine. Il est piquant d’ajouter qu’à la suite de ce discours, Jean Le Cour Grandmaison reçut une lettre de félicitation d’un certain Charles de Gaulle.

Du discours de Castelnau contre la Franc-Maçonnerie nous en avons appelé à Mgr de Ségur. De celui de Le Cour Grandmaison, on a n’a pas à en appeler à La Tour du Pin puisqu’il s’y réfère lui-même. En définitive, la singularité de la FNC n’était pas dans les idées. Elle étant dans le dessin d’en faire l’idéologie d’un mouvement de masse.