2765-Paroles du Cardinal - France Catholique

2765-Paroles du Cardinal

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Le cardinal Lustiger a donné au Monde des 26-27 novembre un entretien d’extrême importance sur les questions de bioéthique. Ses réponses précises sont en lien direct avec les modifications législatives proposées au Parlement par le gouvernement. Elles présentent l’avantage, malgré leur forme concise, de proposer une réflexion supérieure sur les enjeux métaphysiques et moraux des lois où sont en cause « la responsabilité de la lignée génétique, la responsabilité de la continuité et de la solidarité entre les générations humaines. » L’archevêque de Paris refuse en effet de se laisser impressionner par le diktat de « situations d’urgence » qui imposerait la légitimation de toutes les transgressions.

Ainsi s’oppose-t-il fermement à une modification de la loi qui favoriserait l’avortement chez les adolescentes enceintes, alors que le problème se situe en amont : « A partir d’un point précis, on touche à l’équilibre global de la société et des relations humaines. S’il s’agit de répondre à des situations tragiques de grossesses non désirées, ne faut-il pas s’interroger sur leur origine ? Si le « père » est un adulte, un membre de la famille, un éducateur, on se trouve en face de problèmes d’inceste ou de débauche. Si le « père » est un autre adolescent, que se passe-t-il donc dans le système éducatif pour que la sexualité adolescente soit à ce point permissive et provoque de tels drames ? Les grossesses par accident ne sont-elles pas le symptôme d’une régression affective et psychique de toute une génération ? » Le Cardinal souligne aussi les contradictions entre la volonté d’associer les parents pour prévenir la violence scolaire et l’attitude qui consiste à leur retirer leur responsabilité, s’agissant de la sexualité des adolescents. Il rappelle aussi la sauvagerie inouïe des médias, d’internet et de la publicité en matière d’érotisme. L’actuelle crispation de l’opinion à propos de la pédophilie est tout à fait justifiée, mais elle ne doit pas écarter l’ensemble des provocations à la violence et à la transgression qui pèse sur la société.

Le législateur doit aussi intervenir à nouveau pour modifier les lois bioéthiques de 1994. L’archevêque de Paris demande à ce propos qu’on s’éloigne des logiques productivistes qui s’écartent de la question anthropologique essentielle : « Comment la paternité et la maternité structurent-elles l’être humain, être de langage, d’esprit et de don ?… La fécondité humaine n’est pas un produit de pure fabrication ou un produit de consommation. » Pour le Cardinal, il n’y a pas de risque d’eugénisme, car l’eugénisme est déjà là. Il souligne le caractère inadmissible du clonage : « Il est moralement injuste de priver un nouvel être humain de la relation filiale à ses parents et de la nouveauté unique propre à chaque personne engendrée. » Enfin, abordant le problème de l’utilisation des embryons, il remarque combien est absurde la pratique qui consiste à maintenir dans le monde 500.000 embryons congelés dans leurs « enceintes carcérales ». Les chercheurs sont suffisamment intelligents pour poursuivre leurs objectifs thérapeutiques par d’autres moyens, qui ne blessent pas le principe du respect intransgressible de l’embryon humain.